Exhortations spirituelles
Sermon de la Messe de la Saint-Louis 2019 à Versailles
Solennité de S. Louis IX, roi de France
Homélie de M. l'abbé Louis de Saint-Taurin
ce dimanche 25 août 2019 à Versailles
Avant de vous dire quelques mots sur le grand Saint que nous honorons aujourd’hui, permettez-moi de remercier M. le Curé pour son accueil dans cette église si symbolique de la Ville royale, et de souhaiter à M. le Prieur de la Confrérie royale – et à chacun des membres de celles-ci, et notamment aux nouveaux que nous recevrons aujourd’hui à l’offertoire – un saint et fervent 4e anniversaire, ad multos annos, pour la sanctification de l’aîné des fils de saint Louis et la pleine réalisation de son auguste mission ! ainsi évidemment que pour la solide formation de Mgr le Dauphin, lui aussi prénommé Louis, et la fidélité de chacun des princes de cette auguste famille capétienne, qui ont l’honneur de voir couler dans leurs veines ce sang royal vénéré par sainte Jeanne d’Arc.
L’abbé Edgeworth eut l’honneur, dit-on, d’annoncer à Louis XVI, après l’avoir préparé à la mort : « Montez au Ciel, fils de saint Louis ! » ; puissions-nous nous exclamer bientôt, à l’adresse de son digne successeur – après avoir participé dans l’ombre au soutien de sa mission : « Gravissez le trône, fils de saint Louis ! », et, avec le Te Deum que nous chanterons en sortie : « et rege eos », et gouvernez-nous, Lieutenant du Christ sur terre, Fils aîné de l’Église, et depuis Ste Marguerite-Marie : Fils aîné du Sacré-Cœur de Jésus !
Les grands Saints ne sont pas simplement des ornements du passé, mais des modèles pour le présent, un piédestal pour nous élever à leur hauteur et devenir ce que nous demandent inlassablement les derniers souverains pontifes : les saints du IIIe millénaire, du XXIe siècle, et d’une France restaurée, revenue à sa mission.
En sa bulle de canonisation qui reprend pour titre les paroles de l’hymne du dimanche des Rameaux, Gloria laus et honor (1297), le pape Boniface VIII invitait ainsi nos ancêtres et leur descendance à la jubilation :
et qui nous fait tant défaut depuis 200 ans, chers Frères !
Un écrivain bien connu, Jean Raspail, prophète désabusé, déclara, il y a quelques années, ne plus croire en la royauté de droit divin. Cette expression fait en effet souvent bien sourire. Mgr de Ségur, l’un des plus grands prélats français et romains du XIXe siècle, fit une mise au point – M. le Prieur et chers membres des Cercles, pardonnez-moi, vous connaissez déjà ses paroles, mais il faut qu’elles retentissent ici pour éclairer les esprits et réchauffer les cœurs :
Le droit divin est donc bien toujours d’actualité, comme le règne édifiant du neuvième Louis, qui pacifia l’Europe, unit les Chrétiens contre le péril commun, écouta sa sainte mère, Blanche, chérit son épouse, Marguerite, et éleva saintement ses onze enfants : pieux à l’église, preux à la guerre, tendre en famille, juste au tribunal (1re vertu royale), sage sur le trône, pacifique avec les autres princes chrétiens, durant ses 43 ans de règne : y a-t-il un Français, quel que soit son ordre ou sa condition, qui ne puisse le trouver comme patron particulier ?
Et dans les situations extraordinaires, quand le pape Innocent IV – qui pourtant le croisa en 1242 et accorda 10 jours d’indulgence à quiconque prierait pour le roi de France -, quand ce pape se désoccupa ensuite du sort de la Croisade et peut-être aussi du salut de l’Europe, le roi jugea qu'il n'« avait trouvé chez le pape aucun sentiment véritablement chrétien » selon l’Anglois Mathieu Paris (MG SS XXVIII), et ce fut alors à ce laïc – car tous nos rois étaient laïcs – de réveiller l’Europe à la place du clergé, et de défendre et faire rayonner la royauté universelle du Christ, ce règne de Dieu que nous demandons à chaque Pater.
Deux siècles après sa mort de Louis IX, la Pucelle d’Orléans le vit en apparition, agenouillés devant Dieu avec S. Charlemagne, et priant pour la France. Mais il n’y a pas que sa personne ou son nom qui soient d’actualité ; il ne portait pas seulement pour la 9e fois le nom de Louis qui nous vient de Clovis : à chaque sacre, comme l’écrivit récemment notre Prieur, c’est bien la grâce du baptême de ce même Clovis qui rejaillit, qui sourd à nouveau et nous fait retrouver les prémices et la source de notre vocation royale, réjouissant chacun de nos foyers, des obscurs villages tels que Cotignac en Provence jusqu’aux capitales comme Versailles. Saint Louis, qui reçut l’onction du sacre à douze ans, continue de porter haut et fier, comme sainte Jeanne d’Arc après lui, l’étendard immaculé de l’alliance du Trône et de l’Autel et, selon les mots du cardinal Pie : « la cause plus que jamais indivise de la religion et de la France ».
Et en ce Prince, la grâce manifesta tout son éclat, lui qui continue d’éclairer et inspirer à chaque génération le Fils aîné de l’Église, qui seul peut apporter véritablement à la France ce titre consort, et lui faire accomplir sa vocation, lui qui est son époux mystique.
Dès 1618, Louis XIII - à l’origine déjà d’une autre fête nationale, celle de son fameux Vœu, le 15 août – fit décréter par Rome « fête d’obligation » la fête de saint Louis, ce roi « qui fit de la religion sa seule politique » selon le P. Charton (Les Saints de la famille capétienne ; 1939). En effet, dans son Siècle de saint Louis, M. Pognon écrit : « Jamais sacre n’avait eu ni ne devait avoir une signification plus plénière, un effet plus entier que le sacre de Saint Louis. Il avait douze ans, ce 29 novembre 1226. Pas un Roi de France, avant ni après lui, ne se regarderait ni ne se conduirait plus absolument comme l’oint du Seigneur, comme un autre Christ ». Mais cela, mes Frères, dépend bien sûr de nos prières.
Louis de Poissy reste présent à l’esprit du monde et au cœur de nos familles, il règne toujours à travers nos Louis, et demeure par excellence le patron tutélaire de notre Patrie, à tel point que chaque église mise à disposition de nos compatriotes dans les capitales étrangères se résume en ce beau titre de « Saint Louis des Français ».
Mgr Laise, qui vient de nous quitter en juillet, était heureux, en Argentine, d’avoir saint Louis comme modèle, et patron de son diocèse ; et le Kremlin n’organisa-t-il pas il y a peu une touchante exposition sur ce roi ? Qui oserait dire qu’il n’est plus d’actualité ?
Mais je sais que je prêche des convaincus ; concluons donc enfin par l’antique prière qui lui est adressée, et qui résume son testament, que le pape saint Pie X demandait à chaque Français de chérir et de considérer comme un trésor, au même titre que celui de S. Remi et de Charlemagne :
Ainsi soit-il.
Sermon de la fête de Sainte Jeanne d'Arc, lors du pèlerinage de la Confrérie Royale au Puy (samedi 1er juin 2019)
Voici, en effet, un texte qu'il est bon de relire et de méditer, afin de toujours plus comprendre et approfondir les desseins de Dieu sur notre Patrie.
Cher Monsieur le Chanoine,
Chers Messieurs les Abbés
Bien chers Confrères et amis,
« En ce qui concerne la Pucelle d’Orléans, que Notre prédécesseur a élevée aux suprêmes honneurs des Saints (cela fera un siècle l’an prochain), personne ne peut mettre en doute que ce soit sous les auspices de la Vierge qu’elle ait reçu et rempli mission de sauver la France.Car d’abord, c’est sous le patronage de Notre-Dame de Bermont, puis sous celui de la Vierge d’Orléans, enfin de la Vierge de Reims, qu’elle entreprit d’un cœur viril, une si grande œuvre, qu’elle demeura sans peur en face des épées dégainées et sans tache au milieu de la licence des camps, qu’elle délivra sa patrie du suprême péril et rétablit le sort de la France. C’est après en avoir reçu le conseil de ses voix célestes qu’elle ajouta sur son glorieux étendard le nom de Marie à celui de Jésus, vrai Roi de France. Montée sur le bûcher, c’est en murmurant au milieu des flammes, en un cri suprême, les noms de Jésus et de Marie, qu’elle s’envola au ciel. Ayant donc éprouvé le secours évident de la Pucelle d’Orléans, que la France reçoive la faveur de cette seconde patronne céleste : c’est ce que réclament le clergé et le peuple, ce qui fut déjà agréable à Notre prédécesseur et qui Nous plaît à Nous-même. […]En conséquence, Nous prions Dieu, auteur de tous les biens, que, par l’intercession de ces deux célestes patronnes, la Mère de Dieu élevée au ciel et sainte Jeanne d’Arc, vierge, ainsi que des autres saints patrons des lieux et titulaires des églises, tant des diocèses que des missions, la France catholique, ses espérances tendues vers la vraie liberté et son antique dignité, soit vraiment la fille première-née de l’Église romaine ; qu’elle échauffe, garde, développe par la pensée, l’action, l’amour, ses antiques et glorieuses traditions pour le bien de la religion et de la patrie ».
« Nous concédons ces privilèges, décidant que les présentes Lettres soient et demeurent toujours fermes, valides et efficaces, qu’elles obtiennent et gardent leurs effets pleins et entiers, qu’elles soient, maintenant et dans l’avenir, pour toute la nation française le gage le plus large des secours célestes, qu’ainsi il en faut juger définitivement, et que soit tenu pour vain dès maintenant et de nul effet pour l’avenir tout ce qui porterait atteinte à ces décisions, du fait de quelque autorité que ce soit, sciemment ou inconsciemment. Nonobstant toutes choses contraires ».
« Que l’homme soit un animal politique à un plus haut degré qu’une abeille quelconque ou tout autre animal vivant à l’état grégaire, cela est évident. La nature en effet ne fait rien en vain ; et l’homme, seul de tous les animaux, possède la parole. […] Le discours sert à exprimer l’utile et le nuisible, et par suite aussi, le juste et l’injuste : car c’est le caractère propre de l’homme, par rapport aux animaux, d’être le seul à avoir le sentiment du bien et du mal, du juste et de l’injuste, et des autres notions morales, et c’est la communauté de ces sentiments qui engendre la famille et la cité » (Politique ; I, 2).
« Quand Jeanne naît, en 1412, il y a un pape et deux antipapes. […] Au début de l’année 1429, Jeanne entame son œuvre de libération […] ». Aux Anglais assiégeant la ville d’Orléans, « sa proposition est une véritable paix entre les deux peuples chrétiens, à la lumière des Noms de Jésus et Marie, mais elle est rejetée, et Jeanne doit s’engager dans la lutte pour la libération de la ville, qui advient le 8 mai ».
« C’est la rencontre dramatique entre cette Sainte et ses juges, qui sont des ecclésiastiques. […] Ces juges sont des théologiens auxquels manquent la charité et l’humilité pour voir chez cette jeune l’action de Dieu. Les paroles de Jésus viennent à l’esprit, selon lesquelles les mystères de Dieu sont révélés à qui possède le cœur des tout-petits, alors qu’ils restent cachés aux sages et aux savants qui n’ont pas d’humilité ».
« Les Chrétiens doivent vivre pour Dieu et le Christ selon les usages de leur pays, pour cultiver vraiment et efficacement en bons citoyens l’amour de la patrie […]. La vie chrétienne sera ajustée au génie et au caractère de chaque culture ; les traditions particulières, avec les qualités propres, éclairées par la lumière de l’évangile, de chaque famille des peuples, seront assumées dans l’unité catholique » (Ad gentes).
« L’Église, qui n’a jamais trahi le bonheur du peuple par des alliances compromettantes, n’a pas à se dégager du passé, et il suffit de reprendre, avec le concours des vrais ouvriers de la restauration sociale(que vous devez être, chers membres de la Confrérie Royale), les organismes brisés par la Révolution, et de les adapter, dans le même esprit chrétien qui les a inspirés, au nouveau milieu créé par l’évolution matérielle de la société contemporaine : car les vrais amis du peuple ne sont ni révolutionnaires ni novateurs, mais traditionalistes ».
« Cette Messe de Requiem nous rappelle que la société est bien en deuil de la paix, mais qu’elle attend sa résurrection avec une ferme confiance... »
Ce dernier 14 juillet, à l'occasion de l'anniversaire du massacre des prêtres et des fidèles serviteurs de Dieu et du Roi le 14 juillet 1792 et les jours alentour dans le sud du Vivarais, le Cercle Légitimiste du Vivarais organisait une journée de commémoraison et de pèlerinage sur les lieux marqués par ces événements (cf. > ici).
Voici le texte de l'homélie prononcée lors de la Sainte Messe de Requiem qui fut célébrée ce jour-là par Monsieur le Grand Prieur de la Confrérie Royale.
« Cette Messe de Requiem nous rappelle que la société est bien en deuil de la paix, mais qu’elle attend sa résurrection avec une ferme confiance... »
Chers Amis,
L’occasion de notre pèlerinage en ce jour ne diffère pas fondamentalement de celle qui nous réunit chaque 21 janvier. Au dernier pèlerinage au Puy, à l’Ascension, nous vous avons expliqué pourquoi « Le Roi et la France, c’est tout un ». Aujourd’hui, nous célébrons le martyre des membres de ce Corps mystique du Royaume que furent les ecclésiastiques, les aristocrates et les bons Français assassinés par les terroristes de l’époque ; le 21 janvier, tout est réuni dans la commémoraison du sacrifice de celui qui en est la tête. Que l’on s’attaque à la tête ou aux membres, c’est la même personne mystique (la France catholique et royale) que l’on outrage.
Me permettrez-vous de reprendre les paroles du pape Pie VI aux cardinaux réunis en consistoire à Rome, le 11 juin 1793, dix-huit ans jour pour jour après le sacre du roi Louis XVI ? En pleurant la mort du roi très-chrétien, et en s’élevant au-dessus des contingences dramatiques de cette seule année, le Souverain Pontife y inclut tous les autres martyrs dans une magnifique et courageuse analyse d’un mouvement né bien plus tôt. Ses paroles restent aujourd’hui d’une brûlante actualité.
« Dès le commencement de Notre Pontificat, prévoyant les exécrables manœuvres d’un parti si perfide, Nous-même annoncions le péril imminent qui menaçait l’Europe. […] Si l’on avait écouté Nos représentations et Nos avis, Nous n’aurions pas à gémir maintenant de cette vaste conjuration tramée contre les rois et contre les empires », « une conjuration impie ».
Car la mise à mort du roi et l’extermination en règle de ses loyaux sujets en pleine Révolution (appelée Perturbation par la sainte Liturgie) n’est pas « l’acte isolé d’un déséquilibré » selon l’expression aujourd’hui consacrée par la grosse presse, mais un attentat contre Dieu Lui-même, à chaque fois que la dignité d’un innocent est bafouée, et d’autant plus quand cet innocent défend l’économie divine et l’ordre chrétien, à la suite du premier contre-révolutionnaire : saint Michel.
« Ces hommes dépravés », « la portion la plus féroce de ce peuple », « tant de juges pervers et tant de manœuvres employées » ont éliminé tous les piliers, aussi humbles soient-ils, de cette construction magnifique de la Chrétienté en France, qui alliait Dieu et la France, le Trône et l’Autel, la nature et le surnaturel. Le roi fut sacrifié « non pour avoir commis un crime, mais parce qu’il était Roi, ce que l’on regardait comme le plus grand de tous les crimes », et ses sujets fidèles, parce qu’ils étaient de fidèles sujets, dénonçant, activement ou passivement, la tyrannie des serviteurs du premier Révolutionnaire, du père du mensonge, « celui qui est homicide depuis le commencement ».
« D’après cette suite ininterrompue d’impiétés qui ont pris leur origine en France, aux yeux de qui n’est-il pas démontré qu’il faut imputer à la haine de la religion les premières trames de ces complots qui troublent et ébranlent toute l’Europe ? Personne ne peut nier que la même cause n’ait amené la mort funeste de Louis XVI. […] Tout cela ne suffit-il pas pour qu’on puisse croire et soutenir, sans témérité, que Louis fut un martyr ? », et les héros que nous commémorons aujourd’hui, ses compagnons ?
« Tous les Français qui se montraient encore fidèles dans les différents ordres de l’État […] étaient aussitôt accablés de revers et voués à la mort. On s’est hâté de les massacrer indistinctement ; on a fait subir les traitements les plus barbares à un grand nombre d’ecclésiastiques, sous les bannières tricolores et au chant de La Marseillaise, que l’on veut nous vendre aujourd’hui pour drapeau et hymne nationaux ! On a égorgé des Évêques… Ceux que l’on persécutait avec moins de rigueur se voyaient arrachés de leurs foyers et relégués dans des pays étrangers, sans aucune distinction d’âge, de sexe, de condition par les ancêtres spirituels des prétendus antiracistes... On avait décrété que chacun était libre d’exercer la religion qu’il choisirait, comme si toutes les religions conduisaient au salut éternel ! Et cependant la seule religion catholique était proscrite, comme dans l’empire romain païen depuis Néron.
Or, l’Église enseigne que « la religion est la gardienne la plus sûre et le plus solide fondement des empires, puisqu’elle réprime également les abus d’autorité dans les puissances qui gouvernent, et les écarts de la licence dans les sujets qui obéissent. Et c’est pour cela que les factieux adversaires des prérogatives royales cherchent à les anéantir et s’efforcent d’amener d’abord le renoncement à la foi catholique ».
« Seule, elle voyait couler le sang de ses disciples dans les places publiques, sur les grands chemins et dans leurs propres maisons. On eût dit qu’elle était devenue un crime capital. Ils ne pouvaient trouver aucune sûreté dans les États voisins où ils étaient venus chercher asile … Tel est le caractère constant des hérésies. Tel a toujours été, dès les premiers siècles de l’Église, l’esprit des hérétiques ». C’est hélas ce que, peu à peu, est en train de redécouvrir l’Europe.
Alors que, souvent sans connaître les horreurs qui en sont l’acte de naissance et – il faut bien l’avouer – la marque de fabrique, beaucoup de Français se réunissent aujourd’hui pour fêter la Révolution et le régime qui en est la fille aînée, il nous faut entendre résonner encore à nos oreilles, à deux cents ans de distance : « Vénérables Frères, comment Notre voix n’est-elle point étouffée dans ce moment par Nos larmes et par Nos sanglots ? » ; « N’est-ce pas plutôt par Nos gémissements que par Nos paroles, qu’il convient d’exprimer cette douleur […] devant […] le spectacle que l’on vit », entre autres, beaucoup d’autres, aux Vans en juillet 1792 ?
Quand la Royauté très-chrétienne se fondait sous l’infusion baptismale de saint Remi aux fonts baptismaux de Reims, la Révolution commence, elle, dès le début par les assassinats : lorsque le gouverneur de la Bastille est décapité le 14 juillet 1789 avec ses soldats, il illustre malgré lui à merveille la coupable bêtise de tous les Chrétiens qui capitulent devant le mal au nom de prétendus bons sentiments : « Ne voyons pas le mal partout, faisons confiance aux ennemis de l’Église ! » et à ces patriotes qu’on a vu à la Messe… constitutionnelle, c’est-à-dire du culte schismatique d’État. Regardez donc ces loups, ils ont de si beaux pelages d’agneaux ! Cette attitude se renouvelle hélas face à tous les adversaires du nom chrétien : athéisme, laïcisme, islamisme. Et nos nouveaux Marquis de Launais finiront comme lui, après avoir par leur faute laissé ruiner toute la société, tout le bien commun…
« Il est impossible de ne pas être pénétré d’horreur quand on n’a point abjuré tout sentiment d’humanité ». Nous le savons, beaucoup, même chez les pieux Catholiques, ne sont aucunement « pénétrés d’horreur », justement parce qu’ils ont « abjuré tout sentiment d’humanité », de même pour les Français qui ne sont pas scandalisés par le « crime abominable » de l’avortement (selon les paroles du concile Vatican II lui-même, pourtant généralement abondamment cité), crime qui est, selon le pape François, « le mal absolu », affirmation elle aussi bien peu reprise par ses thuriféraires.
Après la récente mort de l’initiatrice officielle du massacre légal de masse des enfants dans le ventre de leur mère, plus petits sujets de l’ordre naturel divin, ne peut-on voir dans nos prétendues élites – il y a quarante ans comme lors de la dernière campagne électorale – les dignes successeurs de ces « ci-devant Chrétiens constitutionnels », qui pour ne pas paraître s’opposer à la Révolution en marche, donnent des gages à ses partisans les plus enragés en les dépassant dans l’horreur ? En allant jusqu’à s’indigner d’avoir pu être ne serait-ce que soupçonnés d’avoir été défenseurs de la vie ? En exhibant leur participation positive à chacun des votes étendant, législature après législature, le massacre ?
Alors que sous la Révolution, tout le monde avait peur, les Révolutionnaires les premiers, au sein d’un courant qu’ils ne maîtrisaient pas vraiment, de nos jours : combien se soucient vraiment des nouvelles victimes de la fille de la Révolution, toujours aussi avide de sang ? Combien de temps notre société endormie s’habituera-t-elle à certains massacres, par un silence criant, tandis que d’autres sont quant à eux très régulièrement sur les lèvres des journalistes et hommes de pouvoir ?
N’attirent-ils pas à chaque instant la colère du Ciel, tel le sang d’Abel ? Plus d’un avortement par seconde dans le monde ; un toutes les 11 secondes en France, soit 327 avortements depuis une heure, et 7800 ce soir. Lorsque Mère Teresa lançait au monde : « Le plus grand destructeur de la paix, aujourd’hui, est le crime commis contre l’innocent enfant à naître », ne s’agit-il pas encore une fois d’« instaurer et restaurer sans cesse », selon le mot de saint Pie X aux évêques français, « la cité catholique, la civilisation chrétienne » qui seule promeut le vrai respect de la vie humaine, consacrée par l’Incarnation du Fils de Dieu ? La Sainte Église n’est-elle pas aujourd’hui (pas par tous ses membres, hélas) presque l’unique défenseur du caractère sacré de la vie humaine innocente ? Le seul obstacle aux actuelles politiques mondiales ?
« Quoique les prières funèbres puissent paraître superflues quand il s’agit [de] Chrétien[s] qu’on croit avoir mérité la palme du martyre, puisque saint Augustin dit que l’Église ne prie pas pour les martyrs, mais qu’elle se recommande plutôt à leurs prières », cette Messe de Requiem nous rappelle que la société est bien en deuil de la paix, à savoir la tranquillité de l’ordre, de l’ordre voulu par Dieu, mais qu’elle attend sa résurrection avec une ferme confiance, ce qui sera bientôt manifesté, nous l’espérons, par le passage de la couleur noire des ornements à la couleur rouge, le jour où Rome aura le courage d’appeler « saints » ceux que Pie VI appelait déjà « martyr[s] pour la foi ». La plus belle et importante sentence de l’allocution pontificale est celle-ci : « Qui pourra jamais douter que ce monarque (et j’ajoute : et tous ses compagnons, ainsi que leurs successeurs) n’ait été principalement immolé en haine de la Foi et par un esprit de fureur contre les dogmes catholiques ? », notamment aujourd’hui celui du respect de la vie de la conception à la mort naturelle.
Face aux paroles racistes d’un hymne célèbre, le pape Pie VI parle bien lui-même de (je cite) « l’effusion d’un sang si pur ». Et souvenons-nous que le roi-martyr s’était exclamé, et nos héros avec lui : « Je meurs innocent des crimes que l’on m’impute, et je prie afin que mon sang ne retombe pas sur la France ». Ses sujets ne disaient pas autre chose. Et nos petits martyrs de chaque seconde, ne les entendez-vous pas s’écrier la même chose, nouveaux fils de Rachel et saints Innocents de Bethléem, le crime invoqué étant pour eux la maladie ou la simple gêne d’un confort hédoniste et égoïste !
Ces paroles que je vous ai livrées, et qui en scandalisent sans doute plus d’un aujourd’hui, sont les paroles-mêmes du Souverain Pontife ayant affronté la Révolution. Quand bien même les lâches deviendraient majoritaires parmi les Catholiques, « serions-Nous obligés pour cela de changer de sentiment au sujet de [leur] martyre ? », demandait ce pape. « Non, sans doute, répondrons-nous avec lui, car si Nous avions eu pareil dessein, Nous en serions détournés […] par [leur] mort-même[…] en haine de la religion catholique ; de sorte qu’il paraît difficile que l’on puisse rien contester de la gloire de [leur] martyre ».
Pour terminer, voici l’inégalable conclusion du discours papal aux princes de l’Église : « Ah ! France ! Ah ! France ! toi que nos prédécesseurs appelaient le miroir de la Chrétienté et l’inébranlable appui de la foi ; toi qui, par ton zèle pour la croyance chrétienne et par ta piété filiale envers le Siège Apostolique, ne marches pas à la suite des autres nations, mais les précèdes toutes : que tu Nous es contraire aujourd’hui ! De quel esprit d’hostilité tu parais animée contre la véritable religion !
Combien la fureur que tu lui témoignes surpasse déjà les excès de tous ceux qui se sont montrés jusqu’à présent ses persécuteurs les plus implacables ! […]
Ah ! encore une fois, France ! Tu demandais même auparavant un Roi catholique. Tu disais que les lois fondamentales du Royaume ne permettaient point de reconnaître un Roi qui ne fût pas catholique, et c’est précisément parce qu’il était catholique que tu viens de l’assassiner ! Ta rage contre ce monarque s’est montrée telle que son supplice même n’a pu ni l’assouvir, ni l’apaiser. […]
Ô jour de triomphe pour Louis XVI [et tous ses compagnons], à qui Dieu a donné et la patience dans les tribulations, et la victoire au milieu de [leur] supplice ! Nous avons la confiance qu’il[s ont] heureusement échangé une couronne royale toujours fragile, et des lys qui se seraient flétris bientôt, contre cet autre diadème impérissable que les Anges ont tissé de lys immortels. […]
« Laissons donc, écrit avec douleur le Père commun, ce peuple révolté s’endurcir dans sa dépravation puisqu’elle a pour lui tant d’attraits, et espérons que le sang innocent de Louis crie en quelque sorte et intercède pour que la France reconnaisse et déteste son obstination à accumuler sur elle tant de crimes, et qu’elle se souvienne des châtiments effroyables qu’un Dieu juste, Vengeur des forfaits, a souvent infligés à des Peuples qui avaient commis des attentats beaucoup moins énormes.
Telles sont les réflexions que Nous avons jugées les plus propres à vous offrir quelques consolations dans un si horrible désastre ». Fin de citation.
Face en effet à tous les attentats contre la vie humaine innocente et tous les martyres niés, méprisés et oubliés, les Légitimistes seront toujours là pour entretenir la fidèle mémoire, honorant le sacrifice des uns, publiant le crime des autres, expiant pour ceux-là en vue de la restauration de l’ordre et du bien outragés, et de la conversion des bourreaux et de leurs complices en vue de leur éviter des peines éternelles. Comment ne pas penser aux paroles de N.S. : « Je vous le dis, s'ils se taisent, les pierres crieront ! » (Luc. XIX, 40) ?
Les fidèles Catholiques français attachés à l’ordre très-chrétien de leur Patrie terrestre sont de ces pierres qui crient, et font honneur au nom français au milieu de notre époque bien trouble. Comme le rappelle souvent S.M. le Roi, il ne s’agit pas de nostalgie, mais de fidélité à Dieu en trois Personnes, à Son lieutenant sur terre, à ses fervents et bons sujets s’étant conduits en héros, en un mot à ces principes qui continuent d’inspirer toute notre conduite et chacune de nos actions.
Avec le premier pape, sur les écrits duquel je tombais hier, écrions-nous : « Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui, selon Sa grande miséricorde, nous a régénérés, pour une espérance vivante, par la résurrection de Jésus-Christ d'entre les morts, pour un héritage qui ne se peut ni corrompre, ni souiller, ni flétrir, lequel vous est réservé dans les cieux, vous qui, par la puissance de Dieu, êtes gardés par la foi pour le salut prêt à être révélé dans les derniers temps! C'est là ce qui fait votre joie, quoique maintenant, puisqu'il le faut, vous soyez attristés pour un peu de temps par diverses épreuves, afin que l'épreuve de votre foi, plus précieuse que l'or périssable qui cependant est éprouvé par le feu, ait pour résultat la louange, la gloire et l'honneur, lorsque Jésus-Christ apparaîtra, Lui Que vous aimez sans L'avoir vu, en Qui vous croyez sans Le voir encore, vous réjouissant d'une joie ineffable et glorieuse, parce que vous obtiendrez le salut de vos âmes pour prix de votre foi.
Les prophètes, qui ont prophétisé touchant la grâce qui vous était réservée, ont fait de ce salut l'objet de leurs recherches et de leurs investigations […]. Il leur fut révélé que ce n'était pas pour eux-mêmes, mais pour vous, qu'ils étaient les dispensateurs de ces choses, que vous ont annoncées maintenant ceux qui vous ont prêché l'Evangile par le Saint-Esprit envoyé du ciel, et dans lesquelles les anges désirent plonger leurs regards » (I Petr. I, 3). Ainsi soit-il.
Préparation à la commémoration du 21 janvier 1793
Quelques réflexions pour comprendre ce que fut en réalité la mort de Sa Majesté le Roi Louis XVI
« Fils de Saint Louis, montez au Ciel ! »
(paroles attribuées à l’abbé Edgeworth de Firmont au moment de l’exécution du Roi)
Chaque année, la date du 21 janvier ramène l’anniversaire, terrible et magnifique, de l’assassinat de Sa Majesté le Roi Louis XVI.
Terrible !
- Terrible, parce que la date du 21 janvier 1793 n’est pas seulement celle de la mort injuste d’un homme bon et innocent (des hommes bons et innocents meurent chaque jour depuis les origines de l’humanité, et il en mourra encore chaque jour jusqu’à la fin des temps), comme s’il s’agissait uniquement d’une simple « bavure » – regrettable mais finalement anecdotique – liée aux déchaînement de passions ponctuelles, aujourd’hui dépassées.
- Terrible, parce que le régicide du 21 janvier 1793 doit être compris comme un événement majeur de l’histoire, non seulement de la France, mais de toute l’ancienne Chrétienté, mais de toute l’humanité.
- Terrible, parce que le 21 janvier 1793 est une date-clef pour comprendre les enjeux profonds d’une révolution qui avait commencé bien avant le 14 juillet 1789 et qui se continue et se perpétue avec un impitoyable déroulement logique.
- Terrible, parce que l’exécution de Sa Majesté Très Chrétienne le Roi Louis XVI fut, dans sa réalité profonde, une sorte de sacrifice humain – prélude à des milliers d’autres – offert à Satan par les ennemis du Règne de Dieu, à fin de sceller dans le sang d’une victime innocente, pure et pieuse, la construction d’une « société nouvelle », tournant le dos aux desseins de Dieu et s’opposant radicalement aux plans du Rédempteur sur le monde.
- Terrible, parce que tant que les faux principes qui ont conduit à l’accomplissement sordide de cette liturgie sacrificielle impie célébrée le 21 janvier 1793 sur la « place de la révolution », présideront aux destinées de la France et empoisonneront les consciences individuelles autant que les pseudo institutions qui constituent les rouages de son fonctionnement aujourd’hui, la France ne pourra en aucune manière se relever mais dégringolera d’abîmes en abîmes, entraînant dans sa chute une grande partie de l’humanité.
François-Joseph Bosio (1768-1845) : détail de la statue de Louis XVI à la Chapelle Expiatoire.
Magnifique !
- Magnifique, parce que, en face d’un déferlement de haine et de l’exacerbation des plus basses passions déchaînées, Sa Majesté le Roi Louis XVI, qui, par bien des côtés était un enfant de son siècle – et donc plus ou moins consciemment imprégné par les idées des pseudo « Lumières » – , a opéré une admirable croissance dans l’ordre de la grâce, jusqu’à parvenir non seulement à sa pleine stature de chrétien sur un plan personnel, mais jusqu’à atteindre sa pleine dimension de Roi Très Chrétien.
- Magnifique, parce que, par l’acceptation libre et responsable du sacrifice de sa vie, ce Souverain profondément attaché à la foi catholique et resté ferme pour la défendre, est arrivé à une authentique conformation au Christ Sauveur en Sa douloreuse Passion : offrant sa vie, pardonnant à ses bourraux, priant pour que ce crime ne leur soit point imputé, suppliant pour que sa propre mort, sacrilège, ne fasse pas le malheur des peuples sur lesquels la divine Providence l’avait établi roi.
- Magnifique, parce que que nous croyons que Louis est un authentique martyr et que son sacrifice a déjà été, et sera encore, fécond dans l’ordre de la grâce, tant pour ses successeurs que pour le Royaume de France et pour la Sainte Eglise tout entière.
- Magnifique, parce que loin de nous enfermer dans une mélancolie passéiste, le souvenir de ce 21 janvier 1793, revivifié d’année en année, solennellement commémoré et religieusement célébré, entretient et nourrit en nous la formidable espérance d’une résurrection authentique de la monarchie sacrée, d’une reviviscence de la royauté capétienne de droit divin, d’une pleine restauration de la Légitimité, et d’un entier triomphe de la Couronne des Lys sur toutes les puissances infernales auxquelles la révolution a livré la France et le monde…
Frère Maximilien-Marie du Sacré-Coeur.
Articles à lire, relire, approfondir et méditer à l’occasion du 21 janvier :
1) Les dernières heures de Sa Majesté le Roi Louis XVI > ici
2) Le testament de Louis XVI > ici
3) « Louis XVI aux Français », complainte > ici
4) Allocution consistoriale du pape Pie VI sur le martyre de Louis XVI > ici
5) Oraison funèbre de Louis XVI prononcée devant le pape Pie VI > ici
6) Oraison funèbre de Louis XVI prononcée à la basilique Saint-Denys, le 21 janvier 2016, par le Rd. Père Augustin Pic, op. > ici
7) Messe de Requiem composée par Cherubini à la mémoire de Louis XVI > ici
8) Maximes et pensées de Sa Majesté le Roi Louis XVI > ici
9) Voeu de Louis XVI au Sacré-Coeur de Jésus > ici
10) La sainte icône représentant Leurs Majestés les Rois Louis XVI, Louis XVII, la Reine Marie-Antoinette et Madame Elisabeth, exposée dans l’oratoire du Mesnil-Marie > ici
Cliquer sur l'image pour commander des exemplaires de la Prière pour la béatification de la Famille royale.
Exhortation spirituelle pour le 25 janvier 2016 :
Chers Membres et Affiliés de la Confrérie Royale,
Chaque 25ème jour du mois, plus encore que tous les autres jours, est le jour dont nous offrons toutes les actions, peines et sacrifices, prières et supplications, pour notre Roi et pour la France.
Le 25 janvier est la fête liturgique de la conversion de Saint Paul : comment alors ne pas penser spontanément à cette célèbre prophétie dans laquelle le Pape Saint Pie X a annoncé la conversion de la France, son retour à Dieu et à sa vocation particulière ?
Vous trouverez ci-dessous ce texte : qu'il entretienne notre ferveur et notre espérance !
Prions ! Prions ! Prions !
Avec nos prières, offrons de généreux sacrifices et des pénitences volontaires pour obtenir à la France les grâces de cette conversion : conversion absolument nécessaire pour le rétablissement stable de la Monarchie très chrétienne, pour la restauration pérenne du trône de Saint Louis...
Hans Speeckaert : Saint Paul terrassé sur le chemin de Damas
« Le peuple qui a fait alliance avec Dieu aux Fonts Baptismaux de Reims se repentira et retournera à sa première vocation.
Les mérites de tant de ses Fils qui prêchent la vérité de l’Evangile dans le monde presque entier et dont beaucoup l’ont scellée de leur sang, les prières de tant de Saints qui désirent ardemment avoir pour compagnons dans la Gloire Céleste les frères bien-aimés de leur patrie, la piété généreuse de tant de ses Fils, qui, sans s’arrêter à aucun sacrifice, pourvoient à la dignité du clergé et à la splendeur du culte catholique, et, par dessus tout, les gémissements de tant de petits enfants qui, devant les Tabernacles répandent leur âme dans les expressions que Dieu même met sur leurs lèvres, appelleront certainement sur cette nation les miséricordes Divines. Les fautes ne resteront pas impunies, mais elle ne périra jamais, la Fille de tant de mérites, de tant de soupirs et de tant de larmes.
Un jour viendra, et nous espérons qu’il n’est pas très éloigné, où la France, comme Saül sur le chemin de Damas, sera enveloppée d’une Lumière Céleste et entendra une voix qui lui répètera : « Ma Fille, pourquoi Me persécutes-tu ? » . Et, sur sa réponse : « Qui es-tu, Seigneur ? », la voix répliquera : « Je suis Jésus, que tu persécutes. Il t’est dur de regimber contre l’aiguillon, parce que, dans ton obstination, tu te ruines toi-même « . Et elle, tremblante, étonnée, dira : « Seigneur, que voulez-vous que je fasse ? ». Et Lui : « Lève-toi, lave-toi des souillures qui t’ont défigurée, réveille dans ton sein les sentiments assoupis et le pacte de notre alliance, et va, Fille Aînée de l’Eglise, nation prédestinée, vase d’élection, va porter, comme par le passé, Mon Nom devant tous les peuples et devant les rois de la Terre ».
Saint Pie X (allocution du 29 novembre 1911).
Prière de Saint Pie X pour la France :
« Ô Marie, conçue sans péché, regardez la France, priez pour la France, sauvez la France !
Plus la France est coupable, plus elle a besoin de votre intercession : un mot à Jésus reposant dans vos bras, et la France est sauvée !
Ô Jésus, obéissant à Marie, sauvez la France ! »
Noël 2015.
Baptême de Clovis
(cathédrale de Versailles)
La fête de la Nativité de Notre-Seigneur Jésus-Christ est la source d'une très grande joie pour tout coeur chrétien, mais elle doit plus encore que dans les coeurs des autres fidèles susciter une ferveur, une action de grâces et un sursaut de supplications, dans les âmes des Français, des Légitimistes, et - au plus haut point - des membres et associés de la Confrérie Royale.
Car à la douce allégresse qui préside aux mystères que nous contemplons et adorons dans la Crèche, vient s'ajouter celle de la célébration d'une autre naissance, celle qui s'est opérée le 25 décembre de l'an 496 dans les fonts baptismaux de la cathédrale de Reims : la naissance de la France catholique et royale, par le baptême de Clovis 1er le grand.
Qu'adorons-nous à Noël ?
Le mystère de l'Incarnation du Verbe éternel de Dieu, seconde Personne de la Très Sainte Trinité, Sagesse incréée : "qui propter nos homines et propter nostram salutem descendit de coelis, et INCARNATUS EST de Spiritu Sancto ex Maria Virgine : et homo factus est !"
Que célébrons-nous dans le baptême de Clovis ?
Pas le baptême d'un homme seulement, fut-il roi, mais la conversion de tout un peuple et son adhésion à la foi révélée, à la foi trinitaire, à la foi de Nicée.
Sur les ruines de l'empire d'Occident, livré à l'invasion et à l'anarchie, divisé ethniquement (germains et gallo-romains) et religieusement (chrétiens, hérétiques ariens et païens), le baptême de Clovis va permettre l'unité de ce qui était jusqu'alors divisé : il n'y aura bientôt plus qu'un seul peuple et une seule foi, sous un unique sceptre.
Voilà pourquoi le baptême de Clovis est baptême de la France.
Voilà pourquoi de la fontaine baptismale de Reims naît la France, tout à la fois catholique et royale.
Continuation sociale et politique du mystère de l'Incarnation, la royauté française, en sa quintessence mystique, ne pouvait que naître un jour de Noël.
Et il en fut bien ainsi.
Et l'acharnement du démon contre la couronne des Lys, contre la royauté française de droit divin, n'est rien d'autre que la continuation de sa révolte des origines contre le mystère de l'Incarnation.
La révolution et toutes ses conséquences ne sont que l'écho du "Non serviam" de Lucifer.
Entre le "Vive le Christ qui est Roi des Francs !" de la loi salique et "le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la nation" de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, il y a une opposition absolument irréductible, une opposition éternelle, une opposition d'ordre surnaturel.
Ce sont les deux cités affrontées décrites par Saint Augustin. Ce sont les deux étendards dominant les deux armées opposées entre lesquels Saint Ignace de Loyola nous demande d'opérer un choix ferme et définitif.
La joie et la douceur qui entourent le mystère de la Nativité ne doivent ni ne peuvent nous faire oublier cette grave réalité : le "divin Enfançon" qui repose dans la Crèche "entre le boeuf et l'âne gris", entouré de doux agneaux, tandis que jouent les hautbois et résonnent les musettes, est aussi un chef de guerre ; Il vient pour livrer un combat à mort contre l'empire du mal ; le bois de la mangeoire qui Lui sert de berceau préfigure le bois de la Croix, et les langes qui L'emmaillotent annoncent les bandelettes et le linceul de Sa sépulture.
Membres et associés de la Confrérie Royale, engagés sous l'étendard victorieux de la Croix pour que la France, pénitente et dévouée, cessant de suivre les voies de la révolte luciférienne, se convertisse et revienne aux sources vives de sa vocation - pleinement catholique et royale - , plus spécialement encore en ce jour de Noël 2015, avec une conscience plus aigüe de nos engagements et de notre responsabilité spirituelle, intensifions notre prière généreuse et offrons notre communion sacramentelle à l'intention de celui qui incarne aujourd'hui les principes de la royauté sainte née dans les fonts baptismaux de Reims au jour où l'on célébre la naissance du Verbe fait chair : notre Roi Louis XX.
Lors même que nous ne voyons pas encore comment et quand cela se fera, nous oeuvrons de la sorte au rétablissement des desseins de Dieu sur ce Royaume des Lys en proie aux ténèbres, et nous travaillons à hâter la venue du jour où, dans l'unité catholique et royale retrouvée, la France, comme aux plus glorieuses heures de jadis, retrouvera son vieux cri d'allégresse : Noël ! Noël !
Frère Maximilien-Marie du Sacré-Coeur
Louis XIV enfant renouvelant le voeu de Louis XIII
(Philippe de Champaigne)
25 novembre 2015 : à l'occasion de la fête de Sainte Catherine d'Alexandrie et du troisième mois d'existence de la Confrérie Royale
25 novembre : fête de Sainte Catherine d'Alexandrie.
Sainte Jehanne d'Arc instruite par Saint Michel, Sainte Catherine d'Alexandrie et Sainte Marguerite
(vitrail de l'église de Marnes-la-Coquette)
Reléguée par les modernistes au rang de pieuse affabulation dénuée de toute vérité historique, Sainte Catherine d'Alexandrie, sainte vierge martyre fêtée ce 25 novembre, doit cependant être chère au coeur et à la piété de tous les Légitimistes, pour la place qu'elle a tenue auprès de Sainte Jehanne d'Arc et pour le rôle invisible qui fut le sien dans l'oeuvre, spirituelle autant que guerrière, confiée à la bergère de Donremy.
Ainsi que le résume Dom Prosper Guéranger : « On sait comment la Pucelle d'Orléans, placée par Michel Archange sous la conduite des saintes Catherine et Marguerite, reçut d'elles conseil et assistance durant sept années ; comment Sainte-Catherine-de-Fierbois fournit l'épée de la libératrice de la France ».
Quelles sont les raisons secrètes qui ont porté le Conseil divin à envoyer à cette pieuse jeune fille des marches de Lorraine la vaillante martyre d'Alexandrie pour qu'elle soit sa conseillère et son guide ? Il ne nous appartient pas de le savoir... pour le moment du moins ; lorsque nous serons au Ciel, alors cela nous sera révélé en pleine lumière.
Mais les faits sont là, et ces faits nous devons les recevoir et en tirer les conséquences aussi pour nous aujourd'hui : Sainte Catherine d'Alexandrie, qui a été si impliquée dans la geste de Jehanne, ne peut pas - aujourd'hui - être indifférente au sort de la France, ne peut pas - en 2015 - être étrangère au salut de la France, ne peut pas - dans les actuelles heures dramatiques vécues par notre pays - être insensible à la cause de la Légitimité dynastique et politique du Royaume des Lys !
Car, il faut le dire et le redire souvent, Sainte Jehanne d'Arc est la sainte de la Légitimité : la première mission qui lui fut confiée, avant même que de prendre les armes, consistait à rassurer Charles VII sur le fait qu'il était bien le fils légitime du Roi Charles VI (contrairement aux allégations de sa propre mère) et qu'il était donc bien, de ce fait, l'héritier légitime du trône. Toute l'épopée militaire, toutes les victoires, tout le courage rendu aux loyaux sujets pour qu'ils reprennent la lutte, n'ont d'autre but : faire sacrer à Reims le seul et unique légitime héritier de la couronne de France.
Au soir de ce 25 novembre 2015, alors que notre Confrérie Royale vient d'achever son premier trimestre d'existence, recueillons-nous, chers Amis, chers Frères en Légitimité, auprès de Sainte Catherine d'Alexandrie, la "mégalomartyre" (c'est-à-dire la grande martyre) - ainsi que la nomment les liturgies d'Orient : souvenons-nous que c'est dans l'église dédiée à Sainte Catherine, près de l'autel, qu'il a été donné à Jehanne de retrouver l'épée sainte, marquée de cinq croix, que Charles Martel y avait ensevelie dans l'attente de sa mission future.
Splendide et forte leçon pour nous : s'il ne nous est pas demandé - pour le moment du moins - de combattre par le glaive pour le Royaume et pour le Roi légitime, il nous est toutefois bien demandé de mener un combat, et non des moindres.
Le glaive invincible qui doit nous armer porte lui aussi cinq marques sacrées : c'est le Christ crucifié avec Ses saintes Plaies. Ce glaive salutaire qui a déjà victorieusement repoussé tant d'assauts ennemis, nous est donné lorsque nous nous approchons de l'autel, où Notre-Seigneur Jésus-Christ renouvelle Son Saint Sacrifice, où Notre-Seigneur Jésus-Christ est présent dans le saint tabernacle...
Si le Christ n'est pas présent et vivant en nous par la grâce, augmentée et fortifiée par la sainte communion, nos combats sont voués à l'échec ; mais si Jésus est présent et vivant en nous, alors, dans les combats quotidiens (ceux de notre lutte contre le mal et le péché, ceux des petits sacrifices de chaque jour qu'il faut pratiquer avec générosité, ceux de la résistance à l'esprit du monde, et ceux de la difficile persévérance pour ne pas céder aux incessantes insinuations du découragement), alors oui, se vérifiera la magnifique affirmation de Jehanne : "Les hommes d'armes combattront et Dieu donnera la victoire !"
Dans le silence et la ferveur de notre coeur, chacun, en communion avec tous les membres et associés, renouvelons, entre les mains de Monseigneur Saint Michel, de Sainte Jehanne d'Arc, de Sainte Catherine d'Alexandrie et de Sainte Marguerite d'Antioche, nos résolutions et notre engagement dans cette Confrérie Royale, et soutenus par la prière et l'exemple des saints soyons plus que jamais forts dans le service spirituel qui est le nôtre : pour Dieu et pour le Roi !
Frère Maximilien-Marie du Sacré-Coeur
Post-scriptum : Nous invitons ceux qui n'en auraient pas encore eu connaissance à lire avec la plus grande attention et à méditer le texte du discours que notre Prince a adressé à ses fidèles et à la France, ce 23 novembre 2015 (par exemple ici > Louis XX discours du 23/11/2015)
A propos du Synode
En ce XXe dimanche après la Pentecôte, S.Em.R. le cardinal Louis-Edouard Pie nous dit ce qu'il faut penser de l'actuel Synode des évêques sur la famille à Rome, et de cette ambiance de crise généralisée...
Exhortation
« C’est le drame du salut : vous ne pouvez manquer de jouer votre rôle parce que comme dit Pascal, vous êtes embarqués. Votre vie vous a placés comme qui dirait dans un concert : vous avez à conduire votre voix, qui manquerait à toutes les autres si elle ne se faisait pas entendre ; vous êtes intégrés dans une harmonie qui, par vous, à chaque instant, se défait et se recompose. Tâchez de faire qu’elle soit plus juste aujourd’hui qu’hier. Il y a un mot de l’Ecclésiaste que Claudel aimait à répéter : Ne impedias musicam, n’empêchez pas la musique. Vous accomplirez le précepte plutôt par ce que vous serez que par ce que vous ferez » .
(André Charlier : Lettre aux capitaines, 8 janvier 1959).
La lecture de ce passage d’André Charlier, sur lequel je viens de tomber, ne peut que nous inciter à jouer notre humble rôle en ce monde, car le Seigneur compte sur toutes les bonnes volontés, selon leur génie et leurs facultés propres, ce qui nous renvoie à l’évangile des talents. Aussi ne manquez pas d’offrir à Dieu, pour l’intention qui nous est chère, l’humble et ordinaire devoir d'état quotidien. « L’âme d’une maison, comme celle d’un peuple, disait encore Charlier, est faite de beaucoup de fidélités silencieuses ».
Sans doute connaissez-vous des personnes âgées ou souffrantes qui, sans avoir de boîte à lettres électronique, peuvent s’affilier à la Confrérie pour vivre de son esprit et participer à la communion de ses membres ; la Messe de vendredi dernier n’a fait que nous souder surnaturellement davantage ! N’oublions pas que l’apparition de Notre-Dame à l’Ile-Bouchard en 1947 fut due – et le salut de la France face à un coup d’État communiste du même coup – à la discrète habitude d’une petite vieillarde habituée à venir dire son chapelet à l’église, sans aucun doute à l’intention de la France.
En outre, le Frère Maximilien-Marie, Lully et moi-même avons pu chanter vendredi soir les Complies aux intentions de la Confrérie royale : quel meilleur moyen d’être écouté du Bon Dieu que de s’unir à la sainte Liturgie, à savoir la prière officielle de son Épouse, la Sainte Église ? Et y a-t-il partie de l’Office divin qui convienne mieux à la prière familiale que ces extraordinaires Complies, souvent proposées par nos Missels vespéraux comme prière du soir ? Le chant de cet office prédispose au repos de la nuit et constitue sans doute l’Heure la plus émouvante de la journée.
Ne impediamus musicam. Par nos talents propres, jouons tous dans cette Confrérie – cette nouvelle « Armée du Sacre » (ou « Chorale du Sacre » si vous préférez, C'est tout un !) – notre rôle, de notre instrument, voix ou arme propre, n’enfouissons aucun de nos talents, et soyons bien ce que nous sommes - Clercs et laïques s'unissant una voce, corde et anima -, afin qu’aux yeux du Ciel, cette petite œuvre joue le plus beau morceau possible et contribue à sauver la France par la restauration de son Roi légitime.
Abbé L. de Saint-Taurin +