Hommage
Hommage à S. Léon III
816 - 12 juin - 2016
12e centenaire de la mort de saint Léon III
Couronnement de saint Charlemagne comme empereur d'Occident, le 25 décembre 800 à Rome par saint Léon III. |
Dom Guéranger, L'Année liturgique
XII JUIN. SAINT LÉON III, PAPE ET CONFESSEUR
Voici qu'un parfum de Noël arrive jusqu'à nous sous les feux de la glorieuse Pentecôte. Léon III, montant de cette terre, la laisse embaumée du souvenir de l'auguste jour où l'Enfant-Dieu voulut manifester par lui la plénitude de sa principauté sur les peuples. La fête de Noël de l'an
Successivement le Christ a triomphé des faux dieux, du césarisme byzantin, des peuples barbares. Une société nouvelle apparaît, gouvernée par des princes qui reconnaissent tenir de l'Homme-Dieu leurs couronnes. Au vieil empire romain fondé sur la force, au césarisme étreignant le monde et le broyant plutôt qu'il ne l'unissait dans l'étau de fer de sa domination, va succéder la confédération des nations baptisées qui s'appellera la Chrétienté. Mais d'où viendra l'unité à ce grand corps ? De tous ces princes, égaux par la naissance et les droits, quel sera le chef ? Sur quel fondement doit s'établir sa primauté ? Qui suscitera, qui révélera l'élu du Seigneur, et l'oindra d'une onction si puissante que jamais les plus puissants rois ne songent à lui disputer la première place dans leurs conseils ? L'Esprit-Saint, planant sur les peuples ainsi qu'au début de la Création sur les eaux ténébreuses, a longuement élaboré cette autre Création qui doit, elle aussi, attester la gloire de notre Emmanuel ; l'empire nouveau est maintenant préparé ; il naîtra comme de lui-même, et sans effort, des circonstances que l'éternelle Sagesse avait divinement ordonnées dans sa force et dans sa douceur.
Seule jusqu'ici, entre les royaumes chrétiens, s'élève la primauté incontestée du pouvoir spirituel. Plus faible que tous, le successeur de Pierre voit le monde à ses pieds ; la ville des Césars est devenue la sienne ; par lui, Rome commande toujours aux nations. Néanmoins son autorité désarmée doit compter avec la violence dont les assauts, toujours possibles, ont plus d'une fois déjà mis en péril le patrimoine consacré par les siècles à assurer l'indépendance du vicaire de l'Homme-Dieu. Elle-même, depuis qu'elle apparaît ainsi dans sa sublime grandeur, la puissance spirituelle devient l'objet d'ambitions sacrilèges, toutes prêtes aux plus noires perfidies. Léon III vient d'en faire en personne la sinistre expérience. Un seigneur laïque et des clercs indignes, unissant leurs communes convoitises, ont attiré le pontife dans un guet-apens ; le corps meurtri et sanglant, les yeux crevés, la langue arrachée, il n'a recouvré la parole et la vue, il n'a conservé la vie, que par le plus éclatant des miracles. Rome entière, témoin du prodige, s'est répandue en actions de grâces ; Dieu même, cette fois, a délivré son christ ; mais les sicaires n'en restent pas moins les maîtres de la ville, jusqu'à ce que l'armée du roi des Francs ramène en triomphe dans son palais la noble victime. Triomphe glorieux, mais qui, à lui seul, ne garantit point l'avenir : d'autres déjà t’ont précédé, également dus par l'Eglise romaine au dévouement de sa Fille aînée toujours prête au premier appel ; or, le bras protecteur une fois éloigné, l'œuvre de restauration à peine accomplie, de nouvelles trames se reformaient bientôt, à l'extérieur ou dans Rome-même, pour l'usurpation des droits spirituels ou temporels de la papauté. Des rives du Bosphore, les successeurs de Constantin ne savent plus qu'applaudir à ces intrigues, et soudoyer les conspirateurs et les traîtres.
Une telle situation ne saurait se prolonger. Le pontife souverain doit chercher aux grands intérêts dont la garde lui est confiée, une sûreté moins précaire ; la paix du monde chrétien, la paix des âmes et des nations, demande que la première autorité qui soit sur la terre ne reste pas à la merci d'incessants complots. Il ne suffit pas même qu'au jour de l'épreuve, et pour le temps qu'elle peut durer, le vicaire de Jésus-Christ soit assuré de la fidélité d'une nation ou d'un prince ; l'état présent de la société réclame une institution permanente qui puisse, à Rome, non seulement réparer, mais prévenir les coups de la force ou de la perfidie.
Déjà sans doute, Pépin le Bref, en abandonnant ses conquêtes d'Italie au Siège apostolique, a constitué sans limites aucunes la souveraineté temporelle des pontifes romains; l'usage du glaive pour sa défense appartient au Pape de plein droit, comme à tout prince dans ses Etats ; mais, en dehors de l'impossibilité absolue d'en agir autrement, l'emploi personnel de la force armée répugne au successeur de l'Apôtre établi par l'Homme-Dieu ici-bas comme le vicaire de son amour. Ne craignons point cependant pour le maintien des droits sacrés dont il répond devant les hommes et devant Dieu. Roi lui-même, le successeur de Pierre choisira, parmi ces rois d'Occident qui se font gloire d'être ses fils, un prince auquel il puisse confier d'office la protection et la défense de l'Eglise. Le chef de la milice spirituelle des élus, le portier du ciel, le dépositaire de la grâce et de l'infaillible vérité, conviera ce prince à l'honneur de son alliance : alliance sublime, dont la légitimité l'emportera sur celle de tous les traités conclus entre les puissants de ce monde, parce que les droits qu'elle a pour but de garantir sont ceux du Roi des rois dans son représentant, du Seigneur des seigneurs ; alliance aux redoutables devoirs, mais en même temps aux privilèges merveilleux pour l'élu qu'elle appelle. La noblesse de la race, l'étendue des possessions, la gloire des combats, l'éclat du génie, ont beau relever un prince ; sa grandeur part de la terre, et ne dépasse point la mesure de l'humanité. Mais l'allié des pontifes voit sa dignité s'élever jusqu'au ciel, où résident les intérêts dont il assume la garde filiale. Protecteur attitré de sa mère l'Eglise, sans empiéter sur le domaine des autres rois, ses égaux naguère, sans attenter à leur indépendance, il aura néanmoins le devoir et en conséquence le droit de porter son glaive partout où l'autorité spirituelle a des droits en souffrance, ou réclame son concours pour l'accomplissement de sa mission d'enseigner et de sauver les âmes. Universel en ce sens est son pouvoir, parce qu'universelle est aussi la mission de la sainte Eglise. Si réel est ce pouvoir, si distinct de tout autre, qu'une couronne nouvelle devra s'ajouter pour l'exprimer à celle qu'il tenait de ses pères, et qu'une onction différente de l'onction royale manifestera dans sa personne à tous les rois le chef du Saint-Empire, de l'empire romain renouvelé, agrandi, sans autres bornes que celles du domaine assigné par Dieu le Père en ce monde à son Fils incarné.
Car c'est bien l'empire illimité du Fils de Dieu né de Marie, qui se dévoile ainsi dans sa plénitude admirable. Lui seul possède en toute vérité, par droit de naissance et par droit de conquête, l'universalité des nations ; lui seul peut déléguer, pour son Eglise et par elle, une telle puissance aux rois. Qui nous dira la grandeur de ce jour où, prosterné devant l'Enfant-Dieu, le plus grand prince qui fut jamais, Charlemagne, vit ses gloires antérieures comme éclipsées par l'éclat du titre inattendu qui l'instituait lieutenant du nouveau-né couché dans la crèche ! Près des restes du premier pape, crucifié par les ordres du césar Néron, Léon III, de sa pleine autorité, reconstituait l'empire ; au nom de Pierre et sur sa tombe, il renouait la chaîne brisée des Césars. Aux yeux des peuples désormais, selon le langage consacré par l'usage des pontifes en leurs bulles, le pape et l'empereur apparaîtront comme les deux astres dirigeant la marche du monde : le pape, expression fidèle du Soleil de justice; l'empereur, tirant son éclat du rayonnement que projette sur lui le pontificat suprême.
De parricides révoltes viendront trop souvent, dans la suite, tourner contre l'Eglise le glaive qui devait la défendre ; mais elles aussi montreront à leur manière que, de l'aveu de tous, la papauté est bien, dans ces temps, la seule source de l'empire. On verra les tyrans de la Germanie, rejetés comme indignes par le pontife romain, s'emparer violemment de la Ville éternelle et créer des antipapes dans le seul but de pouvoir, par ces faux vicaires de l'Homme-Dieu, être armés soldats de saint Pierre sur le tombeau du prince des Apôtres. Tant il est vrai que du Siège apostolique relevait toute grandeur pour la société d'alors ! Les abus, les crimes, qui se rencontrent partout dans l'histoire de l'humanité, ne doivent pas faire oublier à des Chrétiens que la valeur d'une époque et l'importance d'une institution se mesurent, pour l'Eglise et pour Dieu, au progrès dont la vérité leur est redevable. Alors même que l'Eglise souffrait de la violence des empereurs intrus ou véritables, elle se réjouissait grandement de voir son Epoux glorifié par la foi des nations reconnaissant qu'en lui résidait toute puissance. Enfants de l'Eglise, jugeons du Saint-Empire comme l’a fait notre Mère : il fut la plus haute expression de l'influence et du pouvoir des papes ; c'est dans cette glorification du Christ en son vicaire que subsista durant mille ans la Chrétienté.
L'espace nous manque pour rapporter ici, dans leur étendue, les magnificences de la fonction liturgique consacrée durant le moyen âge à créer un empereur. Les Ordres romains qui nous en ont conservé le détail, sont pleins des plus riches enseignements où se révèle avec clarté la pensée de l'Eglise. Le futur lieutenant du Christ, baisant les pieds du vicaire de l'Homme-Dieu, formulait d'abord sa profession : il « garantissait, promettait et jurait fidélité à Dieu et au bienheureux Pierre, s'engageant pour le reste de sa vie sur les saints Evangiles à la protection et défense de l'Eglise romaine et de son chef en tous leurs besoins ou intérêts, sans fraude ni mal engin, selon son pouvoir et sa science ». Venait ensuite l'examen solennel de la foi et des mœurs de l'élu, presque identique de tout point à celui qui précède au Pontifical la consécration des évêques.
L'Eglise ayant donc pris ses sûretés au sujet de celui qui devait être pour elle comme l'évêque du dehors, alors seulement avait lieu l'ordination impériale. Pendant que le Seigneur apostolique revêtait ses ornements pour la célébration des Mystères, deux cardinaux revêtaient lui-même l'empereur élu de l'amict et de l'aube ; puis ils le présentaient au Pontife qui le faisait clerc, et lui concédait pour la cérémonie de son couronnement l'usage de la tunique, de la dalmatique et du pluvial avec la mitre et les chaussures pontificales. L'onction du prince était réservée au cardinal évêque d'Ostie, consécrateur attitré des empereurs et des papes. Mais le vicaire de Jésus-Christ remettait lui-même au nouvel empereur l'anneau, sceau infrangible de sa foi ; le glaive représentant celui du Seigneur des armées, du Très-Puissant chanté dans le psaume ; le globe et le sceptre, images de l'universel empire et de l'inflexible justice du Roi des rois ; la couronne enfin, signe de la gloire que réservait dans les siècles des siècles à sa fidélité ce même Fils de Dieu dont il était la figure. C'était pendant le Sacrifice qu'avait lieu la tradition de ces augustes symboles. A l'Offertoire, l'empereur déposait le pluvial et les insignes de sa dignité nouvelle ; en simple dalmatique, il venait à l'autel, et y remplissait près du pontife souverain l'office de sous-diacre, comme serviteur de la sainte Eglise et premier représentant du peuple chrétien. Plus tard, l'étole lui fut donnée ; en 1530, au jour de son couronnement, Charles-Quint assista Clément VII en qualité de diacre, présentant au pape la patène et l'hostie et offrant le calice avec lui.
Le jour de Noël de l'an 800 ne vit pas se déployer tous ces rites splendides, qui ne se complétèrent qu'avec les années et les siècles. Léon III avait jusqu'au dernier moment tenu secret le projet grandiose qu'il méditait en son cœur. Mais ce n'en fut pas moins un des instants les plus solennels de l'Histoire, que celui où Rome, à la vue de la couronne d'or posée par son pontife au front d'un césar nouveau, fit retentir ses acclamations : « A Charles, très pieux auguste couronné de Dieu, au grand et pacifique empereur des Romains, vie et victoire ! ». Cette création d'un empire par la seule puissance et volonté du pontife suprême, en un tel jour, et pour le seul service des intérêts de l'Emmanuel, est bien le complément qu'attendait la naissance du Fils de Dieu. Quand reviendra l'auguste solennité, rappelons-nous l'œuvre de saint Léon III, et nous comprendrons mieux les touchantes antiennes par lesquelles l'Eglise ouvre la fête : « Le Roi pacifique a fait paraître sa grandeur ; il a montré sa gloire, ce Roi pacifique, au-dessus de tous les rois de la terre entière ».
Nous empruntons au Propre de la ville de Rome le récit de la vie du saint Pape.
Léon, troisième du nom, naquit à Rome et eut pour père Asuppius. Il fut élevé dès son enfance dans les dépendances de l'Eglise patriarcale de Latran, et formé à toutes les sciences divines et ecclésiastiques. Moine de saint Benoit, puis prêtre cardinal, il fut enfin, d'un accord unanime, créé souverain pontife le jour-même de la mort d'Adrien, l'an sept cent quatre-vingt-quinze. Il occupa le siège vénéré de saint Pierre vingt ans, cinq mois et dix-sept jours.
Il fut dans le pontificat ce qu'il s'était montré avant son élévation, plein de bienveillance et de douceur , adonné à Dieu, charitable au prochain, prudent dans les affaires. Il fut le père des pauvres et des malades, le défenseur de l'Eglise, le promoteur du culte divin. Pour Jésus-Christ et l'Eglise son zèle entreprit les plus grandes choses, et sa patience supporta les dernières extrémités. Laissé à demi-mort par des impies, les yeux crevés, couvert de blessures, il se trouva guéri le lendemain par un insigne miracle ; ses prières obtinrent la vie aux parricides auteurs de l'attentat. Il déféra à Charlemagne roi des Francs l'Empire romain. Il construisit un vaste hospice pour les étrangers, et consacra aux pauvres son patrimoine avec d'autres biens. Les basiliques de Rome, surtout celle de Latran, dans le palais de laquelle il bâtit le triclinium célèbre entre tous, ces édifices sacrés et d'autres encore, furent comblés par lui de tant de richesses précieuses, qu'on peut à peine le croire. Enfin il couronna sa vie si pieuse par une sainte mort, la veille des ides de juin, l'an du Seigneur huit cent seize ; on l'ensevelit au Vatican.
Chargé par le lion de Juda d'achever sa victoire, vous avez, ô Léon, constitué son règne, proclamé son empire. Les apôtres avaient prêché, les martyrs versé leur sang, les confesseurs travaillé et souffert, pour le grand jour où il vous fut donné de couronner ce travail de huit siècles ; maintenant, et par vous, l'Homme-Dieu domine au sommet de l'édifice social, non seulement comme pontife en son vicaire, mais comme seigneur et roi dans son lieutenant, le défenseur armé de la sainte Eglise, le chef civil de la Chrétienté. Votre oeuvre durera autant que le Père souverain laissera la gloire de son Fils rayonner dans son plein éclat sur le monde.
Après mille ans, quand la divine lumière sera devenue trop forte pour leurs yeux lassés et souillés, les hommes se détourneront de l'Eglise et renieront ses œuvres. Ils remplaceront Dieu par eux-mêmes, la puissance du Christ par la souveraineté populaire, les institutions nées du travail des siècles par l'instabilité de leurs chartes improvisées, l'union du passé par l'isolement des peuples et l'anarchie dans chaque nation ; dans ce siècle de ténèbres, ils nommeront lumières les utopies de leur cerveau affolé, ils appelleront progrès le retour au néant. Le Saint-Empire alors cessera d'être ; il ne sera plus, comme la Chrétienté, qu'un nom dans l'Histoire. Mais l'Histoire elle-même cessera bientôt ; car le monde approchera du terme de ses destinées.
Votre gloire sera grande dans les siècles des siècles, ô vous par qui l'éternelle Sagesse manifesta la grandeur de ses vues merveilleuses. Docile instrument de l'Esprit-Saint pour la glorification de notre Emmanuel, la fermeté n'eut d'égale en vous que la mansuétude ; et cette humble douceur attira sur vous, dans son œuvre de conquête, les regards de l'Agneau dominateur de la terre. Comme lui, sous les coups de la trahison, priant pour vos bourreaux, vous dûtes passer un jour par l'humiliation, par le broiement et l'angoisse de la mort ; mais c'est à cause de cela que vous furent données à distribuer les dépouilles des forts, et que, des siècles durant, la volonté du Seigneur s'exécuta par votre conduite, selon le plan que vous aviez tracé.
Même en nos temps indignes de vous, bénissez la terre. Fortifiez ceux que l'universelle apostasie n'a point encore ébranlés. Que du moins leur foi reste pleinement acquise au Christ. Eloignez d'eux avant tout la fatale erreur d'un libéralisme sans fondement dans l'Evangile et dans l'Histoire, et qui prétend rester chrétien en déniant au Fils de Dieu la reconnaissance de sa principauté sur toute chair. Quelle insulte au Père ! Quelle inintelligence de la divine Incarnation ! Mais, en même temps, quelle indélicatesse peut inspirer à ces hommes, qui se disent dévoués au Seigneur, le choix d'un tel moment pour formuler de pareils principes ? Etrange réparation au Cœur sacré pour la révolte des peuples !
Faites-leur comprendre, ô saint pontife, que le salut n'est point en de mensongers compromis avec les rebelles ; que le temps est proche où s'imposera le règne de Dieu, où le soulèvement des nations contre le Seigneur et contre son Christ tombera sous la moquerie de Celui qui habite dans les cieux. Personne alors ne contestera plus l'origine du pouvoir. Heureux, en ce jour de la vengeance, quiconque aura gardé au Roi le serment de son baptême ! Comme le prophète de Pathmos, ses fidèles le reconnaîtront facilement, quand le ciel s'ouvrira pour lui livrer passage, lorsqu'il viendra écraser les nations ; car toutes les couronnes du monde seront sur sa tête, et il portera écrit sur le vêtement de son humanité : Roi des rois, et Seigneur des seigneurs.
27e anniversaire de trépas d'Alphonse II
27e anniversaire du trépas du roi
Alphonse II
Témoignage du baron Pinoteau
"Jean Auguy m'a demandé quelques lignes sur celui qui fut en quelque sorte, et durant vingt-six ans, mon patron. Agé de vingt-six ans lorsque j'entrais à son service, le prince Alphonse est mort à cinquante-deux ans, ce qui veut dire qu'il m'eut durant la moitié de sa vie à ses côtés pour le faire connaître aux Français. On peut ainsi facilement imaginer que j'ai quelque connaissance de mon sujet, si j'ose dire, car il est bien évident que c'était moi son sujet
Le fil de la Parque fut un mince câble tendu par des [...] Américains au bas d'une piste neigeuse que le prince Alphonse inspectait pour le compte des organisateurs de championnats internationaux de ski alpin à Beaver Creek (ville d'Avon, comté d'Eagle, état du Colorado, Etats-Unis d'Amérique). Plusieurs fois champion de ce sport (le nombre des coupes que l'on peut découvrir chez lui est véritablement ahurissant), le Prince en était aussi un important responsable et l'on sait qu'il fut le rapporteur (ô combien favorable!) pour l'attribution des jeux olympiques d'hiver à notre Albertville.Il n'est pas inutile de savoir que la piste en question était dangereuse et qu'elle avait déjà causé la mort de plusieurs skieurs, étant mal balisée. L'accident eut lieu à 16 h 30 (heure locale) le 30 janvier 1989. Averti trop tard par un autre champion qui descendait à côté de lui et qui put éviter le câble, le Prince prit celui-ci en pleine poitrine : ce câble était tendu pour indiquer une nouvelle fin de piste, rendant celle-ci plus courte avant une nouvelle compétition. Cet instrument du destin devait d'ailleurs supporter une pancarte publicitaire... Ce fut donc une question de manque de coordination qui est responsable de l'accident. Sous le choc, le câble glissa vers le haut et trancha la gorge du Prince. L'organisation américaine fut d'ailleurs si lamentable que le corps fut laissé sur place, dans la neige, durant trois quarts d'heure, avant d'être transporté au Tomford Mortuary d'Idaho Springs, dans le même état, où une longue autopsie fut pratiquée. Le chef de la police locale avait tout d'abord déclaré, pour sauver la face, que le Prince pouvait avoir de l'alcool ou de la drogue dans le sang ! De nombreuses pages d'analyses prouvent amplement qu'il n'en était évidemment rien !
Ces paroles de 1535 baliseront le cours de nos pensées et de nos prières. Car il n'est pas question de faire du feu Prince un saint de vitrail. Il avait ses qualités, manifestes, et aussi ses défauts. Nous nous devons de prier pour lui afin que Dieu l'ait bien vite en Son paradis.
Son prochain établissement en France, ses fiançailles avec une toute charmante archiduchesse, la progressive emprise sur lui de la tradition de ses aïeux, tout faisait en cet homme une alchimie profonde. Pour dire bref, il y croyait, alors qu'il avait été si longtemps réticent, encore que bienveillant, devant les actions de ses amis. Jusqu'au bout, on peut même dire jusqu'en haut de la piste fatale, car il parla en anglais à un journaliste qui transcrivit heureusement ses paroles, le Prince déclara que la Couronne de France devait lui revenir, qu'il était prêt à l'accepter et que ce serait pour lui un grand honneur.
En 1988, le Prince signa des textes magnifiques pour commémorer le 350e anniversaire de la consécration de la France à la Vierge par Louis XIII et il participa en août à la procession commémorative d'Abbeville. En 1989, le Prince avait enfin compris (je dis enfin, car je lui en parlais depuis 1958) qu'il fallait faire quelque chose pour la commémoration du troisième centenaire du message du Sacré-Coeur à sainte Marguerite-Marie. L'abbé Chanut en a parlé lors de la Messe de Saint-Denis.
L'hommage du Maître-Chat il y a deux ans, pour le quart de siècle du trépas d'Alphonse II :
A NOTRE REGRETTÉ PRINCE ALPHONSE.
Cette publication permettra à nos amis, grâce aux liens que nous plaçons ci-dessous, de s’y reporter :
La Province Légitimiste de Provence reproduit également cette lettre-préface de Madame la duchesse de Ségovie en publiant en outre un résumé rappelant les circonstances de la mort du Prince, ses funérailles et en publiant la photo de sa sépulture > www.
Tricentenaire de la mort de Louis XIV
Chambre funèbre de Louis XIV.
Oraison funèbre de Louis le Grand
prononcée le dimanche 6 septembre A.D. 2015
en l'église du Sacré-Cœur de Moulins
par M. le chanoine Frédéric-Pie Goupil
Reconstitution du catafalque de Louis XIV au palais de Versailles (exposition "Le Roi est mort").
Catafalque de Louis le Grand.
« Mille autres à l’envi peindront ce grand courage,
Ce grand art de régner qui te suit en tous lieux :
Je leur en laisse entre eux disputer l’avantage
Et [n’]en veux qu’admirer en toi le don de Dieu ».
Ainsi s’exprimait Corneille (en 1672), s’adressant à Louis le Grand.
Louis XIV enfant et sa mère, Anne d'Autriche.
Exposé au jugement de l’Histoire, vous restez, ô grand Roi, aux yeux de nos ancêtres comme de la postérité, Louis-Dieudonné, pour votre naissance inespérée mais tant désirée par tout un peuple, après vingt-deux ans de stérilité du couple royal. L’annonce de votre naissance provoqua une liesse inexprimable jusqu’aux confins du Royaume, et toutes nos églises et cathédrales résonnèrent sans fin de Te Deum. « Un roi vous est né, un fils vous est donné », pour de grandes choses : vous serez bientôt le Roi magnifique, le Roi-Soleil : non le monarque orgueilleux et égoïste que l’on nous dépend trop souvent, mais le Roi conscient de sa mission de représentant de Dieu, vous qui écriviez à votre fils : « Notre soumission pour Celui Dont nous ne sommes que les lieutenants est la règle et l’exemple de celle qui nous est due ».
Chapelle du Val-de-Grâce à Paris.
Élevé par une pieuse mère qui construira le Val-de-Grâce et inaugurera l’Adoration perpétuelle chez les Bénédictines de la rue du Bac, assistant à la Messe chaque jour, voire plusieurs fois par jour, vous construirez ce joyau qu’est la Chapelle royale de Versailles, couronnement et parachèvement de votre palais, où vous passerez des milliers d’heures (l’historien recense trente mille messes au cours de votre longue vie). Cette chapelle qui reste véritablement à nos yeux votre « testament, mûrement réfléchi et achevé à force d’opiniâtreté. Elle est l’image, inscrite dans la pierre, de la religion royale ».
Chapelle royale du palais de Versailles.
Grand mécène, et nouveau David, vous donnâtes à la musique sacrée un essor sans précédent, offrant à l’Église cette nouveauté des messes basses avec motets versaillais. Vous fûtes comme lui un grand roi liturge. Un grand roi soucieux également d’extirper l’hérésie, conformément aux promesses de votre sacre, en bannissant la Prétendue Réforme et en essayant d’annihiler le jansénisme, qui sera l’un des ferments d’une prochaine Révolution.
Louis XIV en tenue de sacre, par Henri Testelin (1648).
Le visiteur notait votre extrême dévotion ; le marquis de Sourches, « une grâce que personne ne pouvait imiter, qui n’appartenait qu’à [vous] seul ». La représentation, qui était inhérente à votre fonction, vous faisait laver chaque Jeudi-Saint les pieds à treize pauvres enfants : vous commençâtes le plus sérieusement du monde cette auguste fonction, propre d’habitude aux évêques, à l’âge de quatre ans. A quinze ans, vous fûtes sacré, très digne tout au long d’une cérémonie de six heures. Exemplaire, vous tenterez de l’être toujours, esclave du devoir d’état et victime pour le Bien commun.
Lorsque vous prendrez vous-même en main le gouvernement du Royaume, votre premier acte public sera de consacrer la France à saint Joseph ; vous obtiendrez entre autres la libération de saint Claude de La Colombière, prisonnier en Angleterre ; et chef des armées, ce ne sont pas moins que les Invalides que vous consacrerez à vos soldats blessés et infirmes, vous le père de vos sujets. Vous décréterez aussi – qui le sait ? – l’instruction obligatoire.
Le Seigneur vous donna à la France pour de grandes choses, pour une vocation sublime. Récupérant une France défaite après les troubles de la Fronde, vous en fîtes le chef d’orchestre de l’Europe d’alors, tant pour l’art que la langue, l’armée et la diplomatie, ce qui fera dire à Jacques Bainville (en 1924) : « Versailles symbolise une civilisation qui a été pendant de longues années la civilisation européenne, notre avance sur les autres pays étant considérable et notre prestige politique aidant à répandre notre langue et nos arts. Les générations suivantes hériteront du capital matériel et moral qui a été amassé alors, la Révolution en héritera elle-même et trouvera encore une Europe qu’un homme du XVIIIe siècle, un étranger, l’Italien Caraccioli, appelait “l’Europe française” ».
Statue équestre de Louis XIV, à Versailles.
Vous avez sincèrement recherché la gloire de votre Royaume, mais celle de la Chrétienté passe d’abord, ou plutôt la gloire de votre Royaume passe par celle de la Chrétienté : or, vos contingents envoyés sauver Vienne des Turcs furent bien symboliques. De même, alors que vous vous rangiez moralement, la lutte avec le Saint-Siège n’obtint pas sur notre Patrie de bénédictions… Vous aviez pour mission d’être le nouveau Salomon. Hélas, comme lui, la passion féminine vous détourna.
Avec une audace jusqu’ici inconnue, l’Aigle de Meaux vous interpella : « Sire, que vous servira d’avoir porté à un si haut point la gloire de Votre France, de l’avoir rendue puissante par terre et par mer et d’avoir fait par vos armes et par vos conseils que le plus célèbre, le plus ancien, le plus noble royaume de l’univers soit aussi en toutes manières le plus redoutable ; si après avoir rempli tout le monde de votre nom et toutes les histoires de vos [hauts] faits, vous ne travaillez pas encore à des œuvres qui soient comptées devant Dieu et qui méritent d’être écrites au Livre de vie ? ». A genoux à chaque Messe devant votre Dieu, vous, le grand Roi de France et le plus grand roi du monde, vous laissiez les Bossuet, les Fléchier, les Gaillard, les Bourdaloue (que vous affectionniez particulièrement) accomplir comme Jean-Baptiste leur mission de vous rappeler la loi de Dieu. « Quel chef d’État, quel ministre, quel particulier, demandait Alfred Baudrillart, supporterait aujourd’hui de tels avertissements publics ? ».
Vos écarts, graves en soi et par votre dignité, scandaleux, nécessitèrent de grands efforts de conversion, qui demandèrent du temps mais obtinrent finalement votre retour à l’état de grâce, par les soins de Madame de Maintenon notamment, ce qui permit du même coup et de recevoir à nouveau le Corps de votre Dieu, et de guérir vos pauvres sujets scrofuleux.
Nous appelons tous la France la Fille aînée de l’Église. Ce titre est en fait celui de son roi, le Fils aîné de l’Église, et Notre Seigneur alla encore plus loin, en apparaissant à sainte Marguerite-Marie Alacoque : qui le rappelle de nos jours ? Il vous appela le « Fils aîné de Son Sacré-Cœur » : qui eut jamais droit à un tel honneur, sinon vous, fils de saint Louis, ô grand Louis XIV ?!
Et je suis d’autant plus heureux célébrer votre mémoire que nous sommes réunis aujourd’hui en la fille aînée du Sacré-Cœur, la première église de France à Lui consacrée. Et nous savons que votre petit-fils fera édifier un autel à la chapelle de Versailles en l’honneur de cette dévotion.
Que vous demandait le Christ-Roi ? Ce n’était pas bien compliqué : consacrer la France à Son Sacré-Cœur. « Fais savoir au fils aîné de Mon Sacré-Cœur, que, comme sa naissance temporelle a été obtenue par la dévotion aux mérites de Ma sainte Enfance, de même il obtiendra sa naissance de grâce et de gloire éternelle par la consécration qu’il fera de lui-même à Mon Cœur adorable, qui veut triompher du sien, et par son entremise de celui des grands de la terre. Il veut régner dans son palais, être peint dans ses étendards et gravé dans ses armes, pour les rendre victorieuses de tous ses ennemis, en abattant à ses pieds ces têtes orgueilleuses et superbes, pour le rendre triomphant de tous les ennemis de la Sainte Église ».
Bien qu’ayant un confesseur jésuite, le fameux P. de La Chaize, vous ne le fîtes pas, de même que depuis cent ans, les souverains pontifes se refusent à consacrer la Russie au Cœur immaculé de Marie : et nous n’en voyons à chaque fois que trop les horribles conséquences ! Alors que ce que demande le Ciel est si simple à accomplir, comme pour Naaman le Syrien.
Apparition de N.S. J.-C. à sainte Marguerite-Marie, à Paray.
« Le Père éternel […], affirmait sainte Marguerite-Marie, veut établir Son empire dans le Cœur de notre grand monarque, duquel Il Se veut servir pour l’exécution de ce dessein qu’Il désire voir s’accomplir en cette manière, qui est de faire faire un édifice où serait le tableau de ce divin Cœur pour y recevoir la consécration et les hommages du roi et de toute la Cour.
De plus, ce divin Cœur se veut rendre protecteur et défenseur de sa sacrée personne, contre tous ses ennemis visibles et invisibles, dont Il le veut défendre, et mettre son salut en assurance par ce moyen ; c’est pourquoi Il l’a choisi comme Son fidèle ami pour faire autoriser la Messe en son honneur par le Saint-Siège apostolique, et en obtenir tous les autres privilèges qui doivent accompagner la dévotion de ce Sacré Cœur, par laquelle Il lui veut départir les trésors de Ses grâces de sanctification et de salut, en répandant avec abondance Ses bénédictions sur toutes ses entreprises, qu’Il fera réussir à Sa gloire, et donnant un heureux succès à ses armes, pour le faire triompher de la malice de ses ennemis.
Heureux donc qu’il sera, s’il prend goût à cette dévotion, qui lui établira un règne éternel d’honneur et de gloire dans ce Sacré Cœur de Notre-Seigneur Jésus-Christ, Lequel prendra soin de l’élever et le rendre grand dans le Ciel devant Dieu Son Père, autant que ce grand monarque en prendra de relever devant les hommes les opprobres et anéantissements que ce divin Cœur y a soufferts ; qui sera en Lui rendant et Lui procurant les honneurs, l’amour et la gloire qu’Il en attend » (28 août 1689).
Notre reine Marie Leszczinsca fera approuver par Rome, 50 ans après votre trépas, la Messe du Sacré-Cœur (fête instituée et accordée à la Pologne par Clément XIII le 6 février, est étendue à tous les diocèses de France le 17 juillet), et cette consécration de la France au Sacré-Cœur, votre descendant Louis XVI la fera entre les mains du bienheureux Père Hébert (21 juillet 1792), mais trop tard, prisonnier au Temple.
Le Seigneur vous avait donné, ô Louis, une mission, et si nous devons encore prier pour vous, c’est qu’elle n’est toujours pas accomplie à ce jour.
A ceux qui contestent le bien-fondé de ces révélations de 1689, je les renvoie aux paroles de Notre-Seigneur, en août 1931, à sœur Lucie de Fatima, alors en convalescence en Espagne : « Notre-Seigneur me dit, en se plaignant, témoigne-t-elle : "Ils n'ont pas voulu prêter attention à Ma demande ! Comme le Roi de France, ils se repentiront, et ils la feront, mais ce sera tard"».
Puisse venir rapidement votre descendant et celui du grand Saint Louis, pour accomplir enfin la demande céleste et consacrer la France, comme Roi et Fils aîné, à ce Cœur si adorable. Alors intercédez pour la France qui attend cette consécration, déjà bien préparée par le Vœu national de la Basilique de Montmartre, et envoyez-nous ce consécrateur !
« Les lis des champs de travaillent ni ne filent, affirmait Notre-Seigneur, cependant Je vous dis que Salomon lui-même, dans toute sa gloire, n’a pas été vêtu comme l’un d’eux ». Sire, nouveau Salomon, si vous aviez entièrement collaboré à la grâce, vous eussiez accédé à la plus grande des gloires, celle de la sainteté, qui vous manque hélas, malgré toutes vos vraies vertus.
Quant à nous, puissions-nous en tirer les leçons et travailler résolument à devenir les Saints que Dieu attend de nous ! Le Christ promettait non seulement la gloire à votre personne, mais la prospérité à votre Royaume : jamais il n’y aurait eu de révolution. Il apparut à sainte Marguerite-Marie le 17 juin 1689 ; n’ayant pas été exaucé, un siècle plus tard, jour pour jour, les députés du Tiers-État se déclareront Assemblée nationale et commenceront cette infernale Révolution...
Imaginez un peu, ô Louis, et vous mes Frères : une France en 2015 qui ne serait pas passée par ces turbulences : nous serions en pleine Chrétienté ; l’État et l’Église contribueraient harmonieusement à préparer les voies vers le Ciel… Mais arrêtons-nous là, ceci est notre mission à accomplir désormais.
Arc de triomphe en l'honneur de Louis XIV, sur la place du Peyrou à Montpellier.
Votre fin, Louis, fut, comme votre vie, magnifique : propre au style classique de votre siècle, du siècle auquel vous donnâtes votre nom, votre mort fut entièrement ordonnée, organisée par vos soins, et réglée selon les principes chrétiens par lesquels vous édifiâtes votre Cour, au grand âge auquel vous parveniez. Vous réglâtes surtout la réception de l’Extrême-Onction et du saint Viatique, horrifié d’avoir vu votre fils mourir sans les recevoir. Vous aviez supporté héroïquement tant les maladies, les opérations que la litanie d’épreuves des dernières années, notamment les deuils, et voici maintenant que vos derniers moments font l’admiration d’un Saint-Simon pourtant plein de verve.
L’aube du 1er septembre s’est levée enfin, et voici que s’opère « le grand coucher du Soleil » ; la nouvelle traverse les couloirs du palais, les routes, les nations : « Le Roi est mort ».
Privilégié et favori du Seigneur, Celui-Ci attendit votre dernier souffle pour permettre aux Ténèbres prétendues Lumières d’apparaître sur notre territoire et de travailler à détruire votre œuvre et celle de votre Créateur, mais nous savons bien que les Portes de l’Enfer ne prévaudront pas, ni contre l’Église, ni contre la France. Non praevalebunt.
Paraphrasant le psaume, Bossuet vous l’avait déclaré : « Vous êtes des dieux, encore que vous mouriez, et votre autorité ne meurt pas. Cet esprit de royauté passe tout entier à vos successeurs et imprime partout la même crainte, le même respect, la même vénération. L’homme meurt, il est vrai, mais le roi, disons-nous, ne meurt jamais : l’image de Dieu est immortelle » (1662).
Laissez-moi donc enfin reprendre les paroles de Massillon lors votre oraison funèbre : « Retournez donc dans le sein de Dieu d’où vous étiez sortie, âme héroïque et chrétienne ! Votre cœur est déjà là où est votre trésor. Brisez ces faibles liens de votre mortalité, qui prolongent vos désirs et qui retardent votre espérance. Le jour de notre deuil est le jour de votre gloire et de vos triomphes. Que les Anges tutélaires de la France viennent au-devant de vous pour vous conduire avec pompe sur le trône qui vous est destiné dans le Ciel, à côté des saints rois vos ancêtres, de Charlemagne et de Saint Louis ». Ainsi soit-il.
Apothéose de Louis le Grand, par Charles Le Brun.