Lettre mensuelle aux membres de la Confrérie (25 décembre 2016)
Lettre mensuelle
aux membres et amis de la Confrérie royale
pour le 25 décembre anno Domini 2016
le 24 décembre A.D. 2016
en la vigile de la Nativité du Sauveur
Chers Amis,
Dans le Saint Évangile, Notre-Seigneur
Alors que s’achève le temps liturgique de l’Avent et que Dieu Se montre aux hommes – et particulièrement à Sa Sainte Mère qui Le portait sans Le voir depuis la nuit bénie de l’Annonciation –, c’est d’une certaine manière le Christ Lui-même Qui applique Ses propres leçons, Lui « Qui est descendu du ciel » (Joann. III, 13), « ne retenant pas jalousement le rang qui L’égalait à Dieu », « Qui, ayant la forme et la nature de Dieu, n’a point cru que ce fût pour Lui une usurpation d’être égal à Dieu ; mais Il S’est anéanti Lui-même en prenant la forme et la nature de serviteur, en Se rendant semblable aux hommes, et étant reconnu pour homme par tout ce qui a paru de Lui au dehors. Il S’est rabaissé Lui-même » (Philipp. II, 6-8), pour Se faire – qui l’eût imaginé ?! – petit enfant, Fils de l’homme.
C’est ce grand mystère de l’Incarnation que, depuis Bérulle, adore l’École française de spiritualité, pierre précieuse du « génie français » (saint Pie X).
Et cette dévotion porte des fruits incontestables. En effet, comme nos ancêtres ont prié pour la naissance d’un Dauphin ! Louis-Dieudonné, quatorzième du nom, fut le fruit de la dévotion à la Sainte Enfance du Seigneur[4] : ne l’oublions pas en ce Temps de Noël qui commence, et ne soyons pas ingrats, mais reconnaissants à Dieu pour Ses grâces insignes et répétées : il n’y a pas de raison qu’elles nous manquent à l’avenir, si nous-mêmes sommes fidèles à ne pas manquer à la grâce.
La consécration du 25e jour de chaque mois est une caractéristique de la dévotion à la Sainte Enfance. C’est d’ailleurs à cette date qu’apparaissait Notre-Dame du Rosaire aux Arroyos, en Argentine, de 1983 à 1990, comme l’évêque du lieu l’a reconnu le 22 mai dernier.
Il y a dix-neuf jours, à Nîmes, en recevant, lors d’une Messe votive de saint Michel à l’occasion du premier mardi du mois, le plus jeune membre de la Confrérie royale (8 ans et prénommé comme notre premier roi), c’était encore à la même réalisation du précepte évangélique que nous assistions, comme lorsque saint Luc, l’évangéliste de l’Enfance du Seigneur, expliquait que :
Attentifs au fait que Notre-Dame se manifeste comme par prédilection à de jeunes gens, sachons encourager autour de nous, voire en nos familles, l’engagement des enfants – avec l’accord de leurs parents jusqu’à leur majorité – pour la Couronne : la pureté et magnanimité de leurs prières sauront toucher le Cœur du divin Enfant Roi. N’est-ce pas justement à eux que s’adressait Notre-Dame de la Prière à L’Ile-Bouchard, en 1947 ?
Puissions-nous grâce à eux entendre prochainement notre souverain bien-aimé, le corps fraîchement oint, prononcer à Reims ces paroles de l’Écriture : « L’Esprit du Seigneur S’est reposé sur moi ; c’est pourquoi Il m’a consacré par Son onction : Il m’a envoyé pour prêcher la bonne nouvelle aux pauvres, pour guérir ceux qui ont le cœur brisé ; pour annoncer aux captifs leur délivrance, et aux aveugles le recouvrement de la vue ; pour mettre en liberté ceux qui sont brisés sous leurs fers ; pour publier l’année favorable du Seigneur, et le jour où Il Se vengera de Ses ennemis » !
Chaque année, le beau Temps de l’Avent ravive en nous l’espérance de l’avènement du Lieu-tenant du Messie, selon le mot d’Aristote : « Qui peut le plus peut le moins »[5]. Si S’incarner n’a pas paru insensé à Dieu, en quoi la restauration de Son serviteur serait-elle impensable ? « Car rien n’est impossible à Dieu » (Luc. I, 37).
En ce Temps de la Nativité, pensons aux belles choses que nous verrons si nous savons travailler résolument à ce que Dieu attend de nous. Car notre « amour pour le Roi et la Couronne » est bien fondé surnaturellement sur Notre-Seigneur Jésus-Christ, et appuyé naturellement, philosophiquement, expérimentalement sur les bienfaits de ce régime qui a fait la France.
Si je vous dis « 1515 », vous me répondrez (normalement) « Marignan ». Du moins était-ce ce qu’apprenaient naguère les élèves. Et si je vous dis « 1520 », que me répondrez-vous ?
Non, ce n’est pas Luther et sa prétendue réforme ; lui, c’est 1517. Et comme le disait en début d’année le préfet de la Sacrée Congrégation pour la Doctrine de la foi, « nous, les Catholiques, n’avons aucune raison de célébrer le 31 octobre 1517, la date qui marque le début de la [prétendue] Réforme et qui mena à la rupture du Christianisme occidental ».
Je ne vous parle pas là d’une année mais d’un anniversaire…
En ce grand jour de la Nativité du Sauveur a lieu la naissance de Sa fille aînée[6], la première nation chrétienne, disons-même très-chrétienne. Nous célébrons le 1520e anniversaire du baptême de Clovis. Ce fier guerrier païen a su retenir lui aussi la leçon de saint Remi et descendre au baptistère rémois, y dépouillant – fier Sicambre ! – vêtements et insignes afin de naître à nouveau par l’eau salutaire du baptême, « en la quinzième année de son règne » nous rapporte saint Grégoire de Tours, nous rappelant inévitablement l’évangile lu cet Avent[7], dans lequel commence la prédication de saint Jean-Baptiste, devant conduire au Baptême de Notre Seigneur, inaugurant Sa vie publique.
« A la vue de ces feux qui rendent plus splendide encore la décoration de la maison de Dieu, nous exclamerons-nous avec dom Guéranger en rejoignant ce soir, au son des cloches, l’église pour la Messe de minuit, nous nous rappelons le mot de Clovis entrant le même jour, à cette même heure, dans la Basilique de Reims où il devait être régénéré : Mon Père, […] est-ce là le royaume que vous m’avez promis ? —Non, mon Fils, répondit l’apôtre des Francs, ce n’est que l’entrée du chemin qui doit t’y conduire » !
En outre, le Normand qui vous écrit peut-il passer sous silence le 950e anniversaire – nous ne verrons peut-être pas le millénaire… –, du couronnement, toujours en ce saint jour de Noël, du duc Guillaume le Conquérant comme roi d’Angleterre, en l’abbaye de Westminster ? Nous avions évoqué en octobre la fameuse bataille de Hastings. La portée de cet événement fut considérable en Europe. Alfred, archevêque d’York, couronna roi le duc de Normandie après avoir demandé aux Anglais s’ils le reconnaissaient pour roi, tandis qu’Odon, évêque de Bayeux et demi-frère de Guillaume, le demandait aux Normands présents. Sous les voûtes du monastère, les cris de joie ayant dû paraître sauvages, les soldats normands se trouvant au-dehors crurent à une révolte et incendièrent les maisons alentour…
Tout en devant mater les révoltes locales, Guillaume réorganisa de façon impressionnante, avec l’appui de saint Grégoire VII notamment, le royaume britannique. Il fonda une société féodale exemplaire, mit en place des sheriffs chargés de maintenir l'ordre, et put, grâce à un gigantesque recensement nommé Domesday Book (1086), améliorer le rendement fiscal et les armées. L'Église bénéficia du renouveau en recevant pour archevêque de Canterbury, l'abbé Lanfranc, de Saint-Étienne de Caen. Une abbaye bénédictine fut construite sur le champ de bataille de Hastings. Notons que la devise de la monarchie anglaise actuelle, toujours en français, est due à Guillaume le Conquérant : « Dieu est mon droit ».
Son épouse Mathilde serait quant à elle solennellement couronnée reine d’Angleterre à Westminster à la Pentecôte 1068.
Enfin, dernière « naissance » que j’évoquerai aujourd’hui : celle, il y a 130 ans, de sainte Thérèse, par sa conversion à la sainteté.
Elle passait, à 13 ans et demi, de l’orgueil de l’enfance à la maturité de la petite voie d’Enfance spirituelle. Le pape Benoît XV la présentait ainsi :
Aussi permettez-moi, malgré sa longueur (relative...), de le citer in extenso, en guise de conclusion, tant cette conversion de « la plus grande Sainte des temps modernes »[9] est admirable, ayant su, comme le demandait saint Jean Berchmans, faire les choses ordinaires de manière extraordinaire.
Thérèse racontera elle-même sa conversion, par obéissance, un an avant de mourir (en 1897), dans ses manuscrits autobiographiques :
Que la patronne « en second » de la France obtienne à nos âmes, en cette nuit merveilleuse, cette même grâce de la conversion totale à une sainteté résolue et à une résolue sainteté.
« Et que la ferveur de \nos prières contribue à protéger la France ! » en son 1520e anniversaire (S.M. T.-C. le roi Louis XX).
Pro Rege et Francia
Ad pristinum Regnum restituendum
Abbé Louis de Saint-Taurin +
Grand-Prieur
[1] Traduction en 1667 par l’abbé Louis-Isaac Lemaistre, sieur de Sacy (1613-1684).
[2] Lettre 243 à Mère Élisabeth, prieure de Beaune, du 2 octobre 1645.
[3] Lettre 267 à Mère Élisabeth de l’Enfant-Jésus (Baillou), sous-prieure des Dominicaines de Paris, du 29 décembre 1645.
[4] Lettre du 17 juin 1689 de sainte Marguerite-Marie Alacoque : « Voici les paroles que j'entendis sur ce sujet : Fais savoir au Fils aîné de mon Sacré-Cœur que, comme sa naissance temporelle a été obtenue par la dévotion aux mérites de ma sainte Enfance, de même il obtiendra sa naissance de gloire éternelle par la consécration à Mon Cœur adorable, qui veut triompher du sien, et, par son entremise, de celui des grands de la terre ».
[5] Éthique à Nicomaque.
[6] Par association (« concomitance ») de l’antique titre du roi de France, puisque nous pourrions dire, en reprenant le mot de Jehanne : « Le Roi Très-Chrétien et la France, c’est tout un »…
[7] « L'an quinze du règne de l'empereur Tibère,... » (Luc. III, 1).
[8] Décret sur les vertus héroïques de Thérèse Martin, 14 août 1921.
[9] Citation de saint Pie X.
A découvrir aussi
- Lettre mensuelle aux membres de la Confrérie (25 mai 2016)
- En ces attentats...
- Pour qu'en cette France où le péché abonde la grâce de Dieu surabonde...