L'Ami de la Religion et du Roi

L'Ami de la Religion et du Roi

Pèlerinage au Puy (Instruction du samedi 4 juin 2016)

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Instruction du samedi 4 juin 2016

 

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Du primat de la vie surnaturelle 

dans l’engagement pour la Légitimité

 

Comme point de départ de la présentation de cette humble œuvre au service de Dieu et du Roi, la Confrérie royale, nous avions un immense choix de textes magnifiques et profonds. Le plus opportun semble être toutefois de nous attacher aujourd’hui aux premières pages de L’âme de tout apostolat de dom Chautard, père abbé de Sept-Fonts en Bourbonnais.

« Pour cet apostolat figure au premier rang le Clergé dont la hiérarchie forme le cadre de l’armée du Christ ; clergé illustré par tant d’évêques et de prêtres saints et zélés, et honoré si glorieusement par la canonisation du saint Curé d’Ars » (béatifié en 1904, canonisé en 1925).

Et là je m’interromps pour citer aussitôt le cardinal Pie qui va dans le même sens : 

« Je crois que Dieu demandera beaucoup de nous, pour le maintien de son Église et le renouvellement de la société. Tout est à refaire pour créer un peuple chrétien ; cela ne se fera pas par un miracle, ni par une série de miracles surtout, cela se fera par le ministère sacerdotal, ou bien cela ne se fera pas du tout, et alors la société périra ».

Dom Chautard ne disait pas autre chose : 

« D’où viendra le salut de la société ? demande-t-on anxieux, au spectacle des victoires répétées de l’infernal ennemi. Quand sera-ce à l’Église de triompher à son tour ? Avec le Maître, il nous est aisé de répondre ‘Ce genre de démons ne se chasse que par la prière et le jeûne’ (Mt XVI, 20). Quand des rangs du Sacerdoce et de la milice religieuse sortira une pléiade d’hommes mortifiés faisant resplendir à travers les peuples le mystère de la Croix, ces peuples contemplant dans le prêtre ou le religieux mortifié les réparations pour les péchés du monde comprendront la Rédemption par le Sang de Jésus-Christ. Alors seulement l’armée de Satan reculera ».

« A côté de ce Clergé officiel se sont levées, dès l’origine du Christianisme, des compagnies de volontaires, véritables corps d’élite dont la perpétuelle et luxuriante végétation sera toujours l’un des phénomènes les plus manifestes de la vitalité de l’Église.

Ce sont d’abord, aux premiers siècles,

  • les Ordres contemplatifs dont la prière incessante, les rudes macérations contribuèrent si puissamment à la conversion du monde païen.

Au Moyen Age surgissent

  • les Ordres prêcheurs,
  • les Ordres mendiants,
  • les Ordres militaires,
  • les Ordres voués à l’héroïque mission du rachat des captifs au pouvoir des Infidèles.

Enfin les temps modernes voient naître en foule :

  • milices enseignantes,
  • instituts,
  • sociétés de missionnaires,
  • congrégations de toutes sortes,

dont la mission est de répandre le bien spirituel et corporel sous toutes ses formes.

 

En outre, à toutes les époques de son histoire, l’Église a rencontré des collaborateurs précieux dans les simples fidèles, tels ces fervents Catholiques, aujourd’hui légion, « personnes d’œuvres » suivant l’expression consacrée, cœurs ardents (et non « fermés » ! NDLA) qui, sachant unir leurs forces, mettent sans réserve au service de notre Mère commune : temps, capacités, fortune, souvent sacrifient leur liberté, et parfois leur sang.

Spectacle admirable, certes, et fortifiant, que celui de cette providentielle efflorescence d’œuvres naissant au jour voulu et si merveilleusement adaptées aux circonstances ! L’histoire de l’Église le prouve : tout besoin nouveau à satisfaire, tout péril à conjurer, a vu invariablement apparaître l’institution réclamée par les nécessités d’alors.

 

Ainsi à notre époque, nous voyons s’opposer à des maux d’une particulière gravité, une foule d’œuvres à peine connues hier :

  • catéchismes préparatoires à la première communion,
  • catéchismes de persévérance, catéchismes pour les enfants abandonnés,
  • congrégations,
  • confréries,
  • réunions et retraites pour hommes et jeunes gens, pour dames et jeunes filles,
  • apostolat de la prière,
  • apostolat de la charité,
  • ligues pour le repos dominical,
  • patronages,
  • cercles catholiques [cf. cercles légitimistes, NDLA],
  • œuvres militaires,
  • écoles libres, [cf. nos écoles aujourd’hui dites « hors contrat », NDLA],
  • bonne presse, [cf. tout le monde de la réinformation et de l’édition ou réédition d’œuvres vraiment catholiques, NDLA], etc.,

toutes ces formes d’apostolat suscitées par cet esprit qui embrasait l’âme d’un saint Paul : « Pour moi bien volontiers je dépenserai et je me dépenserai encore moi-même tout entier pour vos âmes » (II Cor. XII, 15), et qui veut répandre partout les bienfaits du Sang de Jésus-Christ.

Que ces humbles pages aillent aux soldats qui, tout zèle, tout ardeur pour leur noble mission, s’exposent, en vertu-même de l’activité qu’ils déploient, au péril de n’être point, avant tout, des hommes de vie intérieure, et qui, s’ils en étaient un jour punis par des insuccès en apparence inexplicables, autant que par de graves dommages spirituels, seraient alors tentés d’abandonner la lutte et de rentrer découragés sous la tente [voire de changer d’armée, NDLA].

 

Les pensées développées dans ce livre nous ont aidé nous-même à lutter contre l’extériorisation par les œuvres. Puissent-elles éviter à quelques-uns ces déboires, et mieux guider leur courage, en leur montrant que jamais le Dieu des œuvres ne doit être délaissé pour les œuvres de Dieu, et que le « Malheur à moi si je n’annonce pas l’Évangile » (I Cor. IX, 16) ne nous donne pas le droit d’oublier le « Que sert à l’homme de gagner le monde entier, s’il vient à perdre son âme ? » (S. Matth. XVI, 25). [ce que l’on peut traduire ainsi : que sert au Français de restaurer la royauté, s’il vient à perdre son âme ? NDLR]

 

Les pères et mères de famille pour qui l’Introduction à la vie dévote n’est pas un livre suranné, les époux chrétiens qui se considèrent comme obligés l’un envers l’autre à un apostolat qu’ils exercent en même temps sur leurs enfants pour les former à l’amour et à l’imitation du Sauveur, peuvent eux aussi s’appliquer facilement l’enseignement que donnent ces modestes feuillets. Puissent-ils mieux comprendre la nécessité d’une vie non seulement pieuse mais intérieure pour rendre leur zèle efficace, et pour embaumer leur foyer de l’esprit de Jésus-Christ et de cette paix inaltérable qui, en dépit des épreuves, restera toujours l’apanage des familles foncièrement chrétiennes.

 

Notre-Seigneur nous invite à fonder sur le roc et non le sable. Avant toute chose, il nous faut prendre conscience du primat de notre vie spirituelle. A l’origine de cette modeste Confrérie, il doit y avoir la compréhension du primat du surnaturel, la ferme résolution d’être concrètement des Saints : ce n’est pas seulement la mission du Roi, mais celle de tous ses sujets ! Notre Confrérie et l’U.C.L.F. n’auront aucun fruit réel et durable sans cela, selon le mot de Léon XIII : « Par-dessus tout, Nos très chers Fils, rappelez-vous que la condition indispensable du vrai zèle et le meilleur gage de succès, c’est la pureté et la sainteté de vie » (encyclique du 8 sept. 1899), ce que manifeste sur notre écu la croix blanche. Dieu attend de nous que nous soyons des Saints (« Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait »), Il nous donne Sa grâce pour cela car Il ne demande jamais rien d’impossible (cf. S. Augustin).

« Dieu Se dévoile en quelque sorte par Ses Saints, et même par les âmes ferventes, affirme dom Chautard. Le surnaturel transpire ainsi aux yeux des fidèles qui perçoivent quelque chose du mystère de Dieu. Qu’est-ce donc que cette effusion du surnaturel ? […] L’éclat de la sainteté, la splendeur de l’influx divin, […] la grâce sanctifiante, […] le résultat de l’ineffable présence des Personnes divines – la Très Sainte Trinité – en ceux qu’Elles sanctifient ».
« Quel malheur, poursuivait le P. Abbé de Sept-Fons, quand parmi les personnes placées à la tête d’œuvres importantes, il n’y en a point de vraiment intérieures ! Le surnaturel paraît éclipsé et la puissance de Dieu est comme enchaînée. C’est alors, les Saints nous l’enseignent, qu’un pays décline et que la Providence semble laisser aux méchants tout pouvoir de nuire. […] L’apôtre, devenu un accumulateur de vie surnaturelle, condense en lui un fluide divin qui se diversifie et s’adapte aux circonstances et à tous les besoins du milieu où il agit », 

utilisant ainsi au mieux les Dons du Saint-Esprit dont il a reçu la plénitude le jour du Sacrement de sa Confirmation.

« Une œuvre ne s’enracine profondément, n’est vraiment stable et ne se perpétue que si l’ouvrier évangélique a engendré des âmes à la vie intérieure. Or il ne le peut que s’il est lui-même fortement nourri de vie intérieure ».

Notre propre salut est bien le principal but pour chacun d’entre nous, selon l’adage « Charité bien ordonnée commence par soi-même ». Mais le bien commun primant le bien propre, le salut de notre Patrie pourrait nous paraître primer notre propre salut et notre propre sanctification. Ce problème – s’il y a – se résout en ce que la France ne sera sauvée que si ses membres sont autant que possible saints ; le Roi ne sera restauré que si le Christ Roi règne avant tout en nos propres vies, dans nos propres familles. Comme pour la conversion de saint Constantin et la fondation d’un empire chrétien, cette grande Chrétienté s’est construite avant tout par la sanctification (notamment dans les persécutions) des premiers Chrétiens au milieu d’un monde païen. De même, l’intervention divine déjà mentionnée pour Constantin (avec le Labarum : « Par ce signe, tu vaincras ») se renouvelle pour notre premier roi, Clovis (quand je vous prêcherai la retraite préparatoire au Sacre, je pourrai vous dire que le signe par lequel le Roi de France est vainqueur, c’est bien la Sainte Ampoule, c’est le Sacre, plus haut des Sacramentaux de la Sainte Église ; un signe avant tout liturgique, n’en déplaise à certains ; et qui nécessite une étroite union du Trône et de l’Autel, du Clergé et de l’« Évêque du dehors »).

 

Mais Dieu n’intervient avec le baptême de Clovis qu’après avoir fait des Gallo-Romains des Catholiques fidèles. Cela nous permet d’éviter l’écueil du providentialisme, non pas en ce que nous nions ou rejetons l’intervention surnaturelle de Dieu (au contraire, nous la demandons et y croyons fermement !), mais en ce que Dieu n’intervient qu’avec le support du réel naturel et du concret : sainte Jeanne d’Arc ne s’est pas battue sans avoir été tout d’abord bien élevée par ses parents, formée et instruite par saint Michel, puis ensuite sans l’aide d’une armée de braves soldats. « La grâce surélève la nature », enseigne saint Thomas d’Aquin : Dieu Se sert de ce qui existe, tout en intervenant admirablement Lui-même. Pour parler d’avance des principes légitimistes (ou simplement légitimes), la foi et la raison nous montrent en la personne de Mgr le duc d’Anjou notre vrai roi de France de droit, tout comme elles le montraient à la Pucelle d’Orléans en la personne de Charles VII : même moqué, même doutant de son hérédité royale, tout le monde le savait le Dauphin. Jeanne le lui a confirmé de par Dieu.

 

Permettez-moi de citer notre Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur, celui de 2011 (qui est le même qu’en 2016) : 

« Nous ne sommes pas entrés en Légitimité (et j’emploie cette expression avec le même sens d’engagement et de don de soi qui sous-tend l’expression : ‘entrer dans les ordres’) parce que nous trouverions au Prince des qualités ou des vertus supérieures… [parenthèse mienne : il les a, et nous n’allons pas nous en plaindre ! Grand, beau, sociable, charmant, orthodoxe, pieux, digne, avec ce petit plus – ce grand plus ! –, ce quelque chose que n’a que le Très-Chrétien… Fin de parenthèse]
Nous ne sommes pas des idéalistes et nous sommes ennemis de toute forme de culte de la personnalité ; nous savons que nul homme n’est parfait, mais que tous et chacun portent en eux un mélange de qualités et de défauts, de vertus et de péchés : le Prince n’échappe pas à la complexité de cette réalité humaine…
Mais en revanche nous croyons en Dieu Qui, par l’action de Ses saints, par les héros inspirés qu’Il a suscités, et surtout par l’obéissance à Ses lois et aux dispositions de Sa Providence peut changer le cours de l’Histoire et redonner vie à un pays. 
Nous croyons particulièrement que le Sacre peut infuser dans un homme une véritable efficience divine et qu’Il peut – à travers cet homme, malgré ses imperfections – communiquer à une société tout entière et à un État, des grâces desquelles découlent le bonheur et la prospérité terrestres eux-mêmes » (30 mai 2011). 

Le vénérable Pie XII ne disait pas autre chose en affirmant que d’un régime peut dépendre le salut de tout un peuple.

 

Pour reprendre les fameuses louanges récentes d’un souverain pontife envers un cardinal, j’ai envie de vous dire, cher Frère, mais pour les purifier en les utilisant cette fois de manière juste, en changeant le destinataire des paroles : 

« Hier, avant de dormir mais pas pour m'endormir, j'ai lu, j'ai relu - le travail du [Frère Maximilien-Marie], et je voudrais le remercier parce que j'ai trouvé de la théologie profonde et aussi une pensée sereine dans la théologie. C'est agréable de lire de la théologie sereine. J'ai aussi trouvé ce que saint Ignace disait, ce Sensus Ecclesiae, l'amour de Notre Sainte Mère l’Église. Cela m'a fait du bien et il m'est venu une idée, pardon [mon Frère] si je vous fais rougir, mais [cela] s'appelle "faire de la théologie à genoux". Merci, merci » (21 février 2014).

Comme le fameux petit roi de Bourges, auquel il me faut revenir, nous avons le droit et la foi pour nous, même si nous sommes bien peu nombreux : au jour voulu par Dieu, la Légitimité sera éclatante et soudain évidente à tous. Comme cet exemple tiré de mon apostolat en Bourbonnais. Je visitai il y a quelques années un jeune homme de mon âge, handicapé, se revendiquant de gauche et entièrement contaminé par les idées de la pensée dominante. Il rejetait avec force ce qu’il appelait l’extrême-droite, et me demandait de me situer sur l’échiquier politique. Je lui répondis que je n’entrais pas dans ce jeu-là, car j’étais royaliste. Au lieu de se moquer de moi ou même de me réduire à ses propres cases [du genre ultracatholique voire fasciste], il reconnut aussitôt qu’un roi serait en effet une bonne chose pour la France. C’est la seule solution qui rayonne de pureté et de limpidité quand on y pense, et qui insensiblement ramène tout le monde à la droite pensée chrétienne et royale. Elle lui parut si évidente qu’elle lui fit dépasser et abandonner d’un coup tout le laborieux travail de sape des mass media, Education nationale, politiciens et le monde de manière générale : sans doute le foncier bon sens français !

 

Quand nous nous serons sanctifiés avec l’aide de la grâce divine, quand nous nous serons davantage formés et que nous aurons fait connaître à nos contemporains les Gesta Dei per Francos et la personne de notre Prince bien-aimé, je ne doute pas alors du ralliement (dans le bon sens cette fois) de toutes les âmes de bonne volonté ! Les Messes que nous aurons dites, les prières que nous aurons élevées vers le Ciel, les sacrifices que nous aurons offerts, forceront la Providence, comme la pressa la sainteté des ancêtres directs de N.S. : S. Joachim et Ste Anne, Notre-Dame (suradmirablement), et d’une manière spécifique S. Joseph, Son père aux yeux de la Loi.

 

Quels sont les moyens d’action de cette nouvelle « institution », pour reprendre les termes de la Gazette royale ? Être, selon dom Chautard toujours, non des canaux mais des réservoirs de vie spirituelle, afin que la grâce se déverse ensuite sur les autres, une fois que nous en serons emplis. Et notre œuvre se veut particulièrement une œuvre familiale : la prière des familles françaises pour le père des chefs de famille qu’est le Roi de France est fondamentale.

« ‘Notre ambition, disait M. Timon-David qui éduquait des adolescents, doit tendre à former des zélateurs dans lesquels l’amour de Dieu soit assez intense pour qu’après avoir quitté le patronage et fondé une famille, ils restent des apôtres empressés à communiquer au plus grand nombre d’âmes possible les ardeurs de leur charité’. […] Ce sont des légions d’apôtres que nous devons créer, afin que cette cellule fondamentale de la société qu’est la famille, devienne à son tour un centre d’apostolat. Or, ce programme idéal, seule une vie de sacrifice et d’intimité avec Jésus nous donnera la force et le secret de le réaliser. A cette condition seulement notre action sera puissante dans la société, et la parole du Maître s’accomplira : ‘Je suis venu jeter le feu sur la terre, et que désiré-Je sinon qu’il embrase’ (Luc. XI, 49) ».
« Grande tactique que le Sauveur a employée : transformer la société par les élites. Le petit troupeau des disciples que Jésus choisit et forma Lui-même et que le Saint-Esprit enflamma ensuite, suffit pour commencer la régénération du monde ».
« Tant que nous n’avons pas obtenu que les chefs de famille deviennent […] apôtres à leur tour, […] nous n’arriverons jamais à asseoir le règne social de Jésus-Christ ».
« L’Ami du Clergé rappelle une intéressante conversation [de saint Pie X] avec un groupe de cardinaux : ‘Qu’y a-t-il de plus nécessaire aujourd’hui pour le salut de la société ? – Bâtir des écoles catholiques, répondit l’un. – Non. – Multiplier les ligues, répondit l’autre. – Non encore. – Activer le recrutement sacerdotal, dit un troisième. – Non, non, répliqua saint Pie X. Ce qui est présentement le plus nécessaire, c’est d’avoir dans chaque paroisse un groupe de laïcs à la fois très vertueux, éclairés, résolus et vraiment apôtres’ ». Voilà donc votre programme, chers amis. C’est la « nécessité de former dans chaque œuvre un groupe de Chrétiens très fervents qui exercent à leur tour un véritable apostolat sur leurs semblables ». C’est-à-dire « découvrir […] une minorité même infime, mais capable de désirer vivement et de pratiquer sérieusement la vie intérieure ; alors chauffer à blanc ces âmes en leur faisant aimer passionnément Notre-Seigneur […] ; enfin, le moment venu, communiquer à ces jeunes gens le zèle pour les âmes ».

Notre mission consiste en cette formation d’élites chrétiennes que sont les apprentis-Saints. « La restauration de la société, de la France en particulier, enseigne dom Chautard qui est comme un membre fondateur honoraire de notre Confrérie, ne résultera que d’un rayonnement intense de la sainteté de l’Église. C’est par ce moyen […] que le Christianisme se développa si rapidement aux premiers siècles de son histoire, en dépit de la puissance de ses ennemis, des préventions de tous genres et de la corruption générale ».

« Susciter des apôtres selon le Cœur de Jésus-Christ. […] Quel autre levier que celui de la vie intérieure intensive oserait y prétendre ! Tant qu’une œuvre n’a pu produire ce résultat, son existence est éphémère ».

Il est demandé aux membres de la Confrérie royale, en plus du Vœu de consécration à la Couronne de France qui vous a été présenté ces dernières semaines (et de là découle implicitement le vœu de fidélité au Roi légitime), la stricte observance de la triple récitation de l’Angélus, matin, midi et soir, avec en sus l’oraison pour le Roi, toutes choses récitées bien sûr pour la sanctification et la restauration de notre bon Roi. Cette coutume apparut selon la tradition au Puy en 1449, par le 3e angélus du midi, et fut inaugurée par les chanoines de Notre-Dame de Cléry lorsqu’ils reçurent au son de la cloche le roi Louis XI, qui l’imposa ensuite à tout le royaume.

 

Hors de cela, il n’est pas demandé une liste insurmontable de choses à faire : nous ne voulons pas ressembler aux Pharisiens dénoncés pour avoir voulu charger les autres de leurs prescriptions à eux… Mais comme point fondamental, il est demandé aux membres, et conseillé à leurs amis et sympathisants, si cela n’est déjà fait, de se choisir un pieux, savant et prudent directeur spirituel, un prêtre qu’ils auront la facilité de rencontrer régulièrement : c’est là la base de toute avancée véritable dans les voies spirituelles, de toute vraie sanctification. Ainsi, les principes de la vie spirituelle pourront être appliqués dans votre âme tout particulièrement, votre âme qui est unique – un monde, un royaume à elle seule – et qui est aimée par Dieu de manière toute spéciale.

 

En effet, « après la prière et l’immolation, le moyen le plus efficace pour obtenir de la grâce de Dieu ces élites qui peuvent régénérer le monde, c’est spécialement par la direction spirituelle, […] indispensable propulseur de vie spirituelle, [permettant de] véritables foyers de la vie surnaturelle au milieu de l’attiédissement général ».

Saint Jean de la Croix conseillait ceci : 

« Que les hommes dévorés d’activité, qui se figurent pouvoir remuer le monde par leurs prédications et leurs œuvres extérieures, réfléchissent ici un instant. Ils comprendront sans peine qu’ils seraient beaucoup plus utiles à l’Église et plus agréables au Seigneur, sans parler du bon exemple qu’ils donneraient autour d’eux, s’ils consacraient plus de temps à l’oraison et aux exercices de la vie intérieure ».
« Dans ces conditions, conclut Dom Chautard, ils feraient par une seule œuvre un plus grand bien et avec beaucoup moins de peine, qu’ils n’en font par mille autres, auxquelles ils dépensent leur vie. L’oraison leur mériterait cette grâce, et leur obtiendrait les forces spirituelles dont ils ont besoin pour produire de tels fruits ».

Je vous confie donc comme lecture spirituelle fondamentale L’âme de tout apostolat, dont saint Pie X – le plus grand des papes de notre époque, mort il y a seulement 102 ans – avait fait son livre de chevet. En voici résumé le plan, le thème étant toujours la vie intérieure :

  • Nature de la vie intérieure ;
  • Excellence de la vie intérieure ;
  • Nécessité de la vie intérieure ;
  • Fécondité des œuvres par la vie intérieure ;
  • Principes pour la vie intérieure, notamment :
  • l’oraison
  • la direction spirituelle
  • et la garde du cœur
  • enfin et surtout : la vie liturgique, que saint Pie X appelle « la source première et indispensable du véritable esprit chrétien » (Motu proprio du 22 nov. 1903).

 

En résumé, chers amis, il vous faut retenir ceci : travaillez à votre sanctification et à celle de ceux qui dépendent de vous, et la Restauration sera déjà grandement entamée, le Règne de Dieu et de Son Lieutenant sera déjà au milieu de vous. En outre, comme l’épouse de David, Bethsabée, envers Salomon, et surtout l’épouse d’Isaac, Rébecca, envers Jacob, son fils de prédilection, j’ai un plan pour vous faire exaucer par le Seigneur, le Roi des rois. Je vais Lui mitonner un petit plat dont vous me direz des nouvelles : ce mets délicieux, qui vous emportera les bénédictions que vous demandez pour le Roi et la France ; ce plat succulent, cette œuvre de cordon bleu (c’est le cas de le dire…) n’est autre que la sainte Liturgie catholique. Puisez donc vos forces dans les Sacrements, allez également rechercher la grâce cachée dans les Sacramentaux que sont les bénédictions et les prières : le Cœur de Dieu ne peut rien refuser à la prière de l’Église, Sa tendre Épouse, qui Lui est d’autant plus chère qu’Il l’a rachetée par Son Sang et qu’elle constitue Son propre Corps mystique.

 

De même que nos rois possédaient un corps d’élite de gardes du corps – et je salue parmi vous ceux qui en descendent –, la Confrérie royale veut donner à son Roi un corps d’élite de gardes de l’âme. Comme des anges gardiens, « Gardes de l’âme du Roi » par nos prières pour lui, l’offrande de nos bonnes œuvres et notre consécration à la sanctification et l’accomplissement de sa mission, voici le beau titre d’honneur des membres de cette petite œuvre née le 25 août dernier.

 

Je vous rappelle enfin la signification de cette confrérie, que manifeste derrière l’écu le bâton de confrérie :

-les lys pour la France, en semis, qui est de France ancien, pour notre attachement à la royauté française de droit divin, aux Lois fondamentales du Royaume et à toute notre Histoire ;

-la grande Croix blanche, pour notre foi pure, magnanime et audacieuse ;

-la Couronne royale de France, pour symboliser le Vœu de consécration de ses membres pléniers – ou l’attachement et la fidélité, pour les membres associés – à la sanctification et au salut de la France ;

-la devise, qui est reprise aux leçons de matines de l’office de sainte Jeanne d’Arc, expliquant le but de sa mission divine : « afin de restaurer promptement la Royauté, le Royaume ».

 

Achevons par l’antique prière des Francs : 

« Dieu tout-puissant et éternel, Qui pour servir d'instrument à Votre divine volonté dans le monde et pour le triomphe et la défense de Votre Sainte Église, avez établi l'empire des Francs, éclairez toujours et partout leurs fils de Vos divines lumières, afin qu'ils voient ce qu'ils doivent faire pour établir Votre Règne dans le monde et que, persévérant dans la charité et dans la force, ils réalisent ce qu'ils auront vu devoir faire. Par Jésus-Christ Notre-Seigneur. Ainsi soit-il ».


07/06/2016
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