Lettre du Prieur à tous les membres de la Confrérie Royale à l'occasion du début de son priorat :
Confrérie Royale
Le Prieur
Ce 1er décembre 2017,
en la fête du Bienheureux Charles de Foucauld ;
et celle de Saint Eloi.
Ad Te levavi animam meam : Deus meus, in Te confido, non erubescam ;
Neque irrideant me inimici mei : etenim universi qui Te exspectant, non confundentur !
Vers Vous, j'ai élevé mon âme : ô mon Dieu, en Vous je me confie, je ne rougirai point ;
Que mes ennemis ne puissent pas rire de moi : car ceux qui Vous espèrent ne seront point confondus !
Messieurs les Chanoines,
Mes Révérends Pères,
Messieurs les Abbés,
Chers Frères et Soeurs en la Confrérie Royale,
Chers Amis,
« Honor onus » dit en son admirable concision latine, en bâtissant une sorte de jeu de mots fondé sur l'assonance, un antique adage que le français, avec moins de génie, peut rendre par : l'honneur est une charge.
Désigné par les autres fondateurs de la Confrérie Royale pour en être le nouveau Prieur, je me retrouve donc, depuis le jour de la fête de la Présentation de Notre-Dame au Temple et pour le temps que la divine Providence voudra, à présider à ses destinées et en charge de sa cohésion et de sa croissance en nombre, mais plus encore en ferveur et en grâce « devant Dieu et devant les hommes » (cf. Luc II, 52).
L'acceptation de cette charge, malgré ma misère et mes limites humaines et spirituelles (formule qui n'a rien de rhétorique), ne s'est faite que devant Dieu et dans la recherche du seul intérêt de notre chère Confrérie, tel qu'il m'a été présenté par les autres fondateurs ainsi que par mes propres conseillers spirituels. Aussi, et cela se trouvait déjà mentionné dans le communiqué officialisant ma désignation, n'est-il pas superflu de dire et de redire avec une suppliante insistance, que je me recommande à vos prières afin d'être fidèle en tout aux grâces et lumières de Notre-Seigneur : le dire n'est pas le fait d'une piété convenue, c'est une demande instante que j'adresse à chacun de vous personnellement.
Je tiens en tout premier lieu à remercier chaleureusement Monsieur l'abbé Louis de Saint-Taurin pour les deux années au cours desquelles il a assumé la charge de Grand Prieur de la Confrérie Royale, lui donnant les ferventes impulsions qui lui étaient nécessaires depuis sa fondation, le 25 août 2015.
Je dois ensuite immédiatement préciser que, la sage et admirable organisation de la monarchie capétienne traditionnelle, envers laquelle nous nourrissons une admiration pleinement justifiée, sera le modèle de mon priorat : de la même manière que le Souverain gouverne « en son conseil », vous pouvez être assurés que ce n'est qu'après avoir sollicité l'avis de conseillers sagaces et prudents que je prendrai les décisions concernant la Confrérie Royale.
Il ne saurait s'agir d'ailleurs en aucune manière de la conduire dans des chemins aventureux ou « innovants », mais seulement, en toutes choses, toujours et partout, de maintenir, d'approfondir et d'intensifier son esprit initial, puis d'alimenter la flamme. Rien de plus, mais c'est une tâche de tous les jours qui ne s'exprime pas nécessairement par des œuvres visibles !
Ne vous attendez donc à rien d'autre de ma part qu'à ce que, selon le conseil de l'Apôtre, j'insiste « à temps et à contre-temps » (cf. 2 Tim. IV, 1) pour dire et redire que la Confrérie Royale est avant tout une œuvre de prière, de prières soutenues, fréquentes et persévérantes, offertes à l'intention de l'aîné des Capétiens, de jure notre Roi, qui est aujourd'hui Monseigneur le Prince Louis de Bourbon, duc d'Anjou : pour sa personne, pour sa mission, pour sa famille, et par le fait même pour la France, car le Prince est le principe dans lequel se réalisent l'unité et la vocation du Royaume.
Prions ! Prions ! Prions !
Prions encore et toujours pour que notre Prince révéré reçoive toutes les grâces, toutes les inspirations et toutes les lumières surnaturelles qui lui sont nécessaires, et pour qu'il y corresponde pleinement.
Et parce que la prière doit nécessairement être accompagnée de la pénitence et du sacrifice, montrons-nous toujours plus généreux dans ces domaines si peu « à la mode », en nous souvenant que c'est par l'union à la Croix de notre divin Rédempteur que l'on s'associe au salut du monde, au salut des personnes et au salut des sociétés elles-mêmes et des Royaumes.
Les membres de la Confrérie Royale ne doivent pas être des mondains pénétrés d'esprit courtisan et du désir de paraître : ils sont ici pour mener un combat, un combat spirituel, mais - dans l'ordre spirituel - un authentique combat de chouans qui ne négligent rien pour cette cause sacrée : le soutien spirituel du descendant et successeur du Grand Roi que Notre-Seigneur Jésus-Christ Lui-même a appelé « le Fils aîné de Mon Sacré-Coeur ».
Or dans un combat, on donne des coups et on en reçoit. Rien d'étonnant dès lors à ce que chacun des membres de cette Confrérie rencontre des oppositions, soit affronté à des contradictions, subisse même quelque forme de persécution psychologique et morale, en attendant peut-être le jour où la persécution deviendra physique et que nous soyons trouvés dignes de verser notre sang « pour le trône et l'autel ».
Ce qui n'est pas le moins cruel, c'est lorsque les incompréhensions et les épreuves de ce type nous sont infligées non point par les ennemis déclarés de la cause pour laquelle nous nous sommes engagés, mais par des personnes qui nous semblent proches par les convictions qu'elles affichent, ainsi que par leur appartenance à la Sainte Eglise et la place qu'elles y occupent, qui eût normalement dû les porter à nous soutenir et encourager. Cela aussi n'a finalement rien que de très normal, si nous nous souvenons que Notre-Seigneur Lui-même n'a pas d'abord été condamné par les mécréants, mais qu'Il a en premier lieu été livré et renié par Ses plus proches, qu'Il a été rejeté par les plus zélés observateurs de la Loi divine et qu'il a été anathématisé par les légitimes représentants de Dieu, pour être ensuite déféré aux païens afin que ce soient eux qui Le mettent à mort !
Souvenons-nous encore que Sainte Jehanne d'Arc, la sainte de la Légitimité, a elle aussi été trahie et vendue par des Français, par des catholiques, et condamnée par des clercs de la Sainte Eglise, avant d'être livrée aux ennemis du Royaume et suppliciée par eux.
Sur les voies authentiques par lesquelles Dieu conduit Ses privilégiés, on rencontre et on rencontrera toujours la Croix, la contradiction, la calomnie, les oppositions et la persécution. Nous le savons, nous ne devons pas en être étonnés ; et parce que nous sommes engagés à la suite de Notre-Seigneur Jésus-Christ, quoi qu'il puisse en coûter à la nature - toujours effrayée à la perspective de la souffrance - , nous l'acceptons, nous le voulons et nous nous y soumettons par amour.
« Ad Te levavi animam meam... : vers Vous, j'ai élevé mon âme : ô mon Dieu, en Vous je me confie, je ne rougirai point ; que mes ennemis ne puissent pas rire de moi : car ceux qui Vous espèrent ne seront point confondus ! » Comme elles sont magnifiques les paroles inspirées du psalmiste que la liturgie de la Sainte Eglise nous fait reprendre à l'introït de ce premier dimanche de l'Avent ! Qu'il est précieux de les méditer, de les ruminer intérieurement et de nous les approprier pour en faire la respiration de notre âme ! Comme Prieur de cette Confrérie Royale j'en fais ma prière pour la Confrérie elle-même, pour chacun de ses membres et pour moi-même aussi dans l'exercice de cette responsabilité terrible et incommensurable.
Malgré tous ceux qui ricanent et voudraient nous faire passer pour de « doux dingues », bons pour l'internement ou la mise au ban de l'Eglise, en raison de l'engagement spirituel « pour Dieu et pour le Roi » qui est le nôtre en la Confrérie Royale, nous gardons indéfectiblement la force de l'espérance surnaturelle et une très ferme confiance dans les promesses de Dieu qui « ne peut ni Se tromper ni nous tromper » (cf. acte de foi), élevant nos âmes vers Dieu, Sauveur de Son peuple, duquel on obtient tout autant qu'on en espère.
« Domine, salvum fac Regem, et exaudi nos in die qua invocaverimus Te ! »
Vôtre, in Corde Iesu & Mariae.
Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur,
Prieur.
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