L'Ami de la Religion et du Roi

L'Ami de la Religion et du Roi

Sermon du mardi 6 décembre 2016

Afficher l'image d'origineAfficher l'image d'origine

 

 

 

   A l'invitation du président du Cercle légitimiste de Nîmes, le grand-prieur de la Confrérie royale était ce 6 décembre à Nîmes afin de célébrer à la chapelle Sainte-Eugénie de cette cité languedocienne, à l'occasion du 1er mardi du mois, la Messe pro Rege et Francia, au cours de laquelle deux nouvelles entrées de membres étaient reçues (un associé, un plénier), avec la prononciation d'un Voeu de consécration à la Couronne, par le plus jeune membre de la Confrérie (8 ans), avec l'autorisation et encouragement de ses parents.

    Jouée par l'un des meilleurs organistes de la ville, chantée intégralement par la belle chorale de la chapelle, servie par un nombre honorable d'enfants de choeur, fleurie comme il se doit, devant une bonne trentaine de fidèles dont des représentants de l'armée, la Messe fut célébrée en présence du représentant de la Principauté de Monaco, son consul à Montpellier : soit "en présence des autorités civiles et militaires"...

 

+

            Monsieur le Consul,

            Monsieur le Président,

            Chers Fidèles,

 

Ce fut une grande joie pour moi d’accepter votre invitation à célébrer la Messe de saint Michel du 1er mardi du mois « pour le Roi et la France », comme il est de tradition en France depuis Anne d’Autriche, qui obtint ainsi, sur le conseil de M. Olier, la fin de la Fronde. C’est que le premier des Séraphins est l’ange tutélaire du royaume des Lys, reconnu comme tel par Charlemagne, par Charles VII, par Louis XV, le dernier souverain à s’être consacré à lui. Clin d’œil de la Providence : c’est au jour de sa fête que naquit le comte de Chambord.

 

Nous demandions au début de cette Messe à l’Ange gardien et Protecteur de la France, saint Michel : « Dans la confiance, unis les Français, protège la France, donne-nous la paix ». Désireux de retrouver dans cette douce France la tranquillité de l’ordre, nous supplions le premier des Séraphins, la première des créatures à avoir témoigné sa fidélité à Dieu, de rassembler nos compatriotes pour le bien commun de la France. Vous avez répondu ce soir à l’appel à prier pour le salut de notre Patrie, en bien triste état.

 

A l’heure où l’institution de la famille est si attaquée par l’ennemi du genre humain et ses actifs serviteurs, je ne peux m’empêcher de faire le rapprochement avec notre pays. Car voyez-vous, les parents comme la Patrie sont l’objet de la vertu de piété filiale. Parce qu’on ne pourra jamais leur rendre tout ce que l’on en a reçu. Et parce que la nation est une famille de familles ; de nombreuses contrées ont ainsi adopté le régime le plus conforme à l’ordre familial voulu par Dieu. Aînée de toutes les familles, la famille royale, ou princière, incarne aux yeux de tous, autour de l’occupant du trône : l’unité, l’exemple, la pérennité, la stabilité, la légitimité dont ont tant besoin tous les membres de cette grande famille. Un roi comme Louis XVI avait conscience d’être le chef des chefs de famille de France, le père des pères de familles.

 

La tête du corps mystique temporel n’a pas pour seule fonction de jouer un rôle de figuration et de modèle ; le propre de la tête est de commander au corps pour son bien. Le Sacerdoce n’a pas d’autre mission, dans le Corps mystique surnaturel qu’est l’Église.

« Il y a grande pitié au royaume de France ! », s’écriait sainte Jeanne d’Arc. C’est la même chose aujourd’hui. Comme la plus grande partie des pays, il n’y a plus de vraie recherche du bien commun, but de toute politique digne de ce nom : les élections récentes et à venir manifestent bien qu’il y a aura toujours conflit, parti contre parti. 

 

Où les enfants (je ne dis pas les mineurs, je dis les enfants, puisque même adulte, un fils demeure l’enfant de ses parents), où les enfants trouveront-ils une véritable unité, un bon gouvernement, qui mettra fin à leurs rixes et chamailleries sans fin ? Certains proposent que le frère le plus doué, ou le plus fort, prenne la direction de la famille. D’autres proposent de choisir eux-mêmes le beau-père idéal à faire épouser à leur mère, la France, si possible un homme fort. Mes Frères, à la place de tous ces plans hasardeux, la solution pour le pays comme pour nos familles, n’est-il pas de recourir directement à celui qui, de droit divin, jouit des grâces d’état nécessaires au bon gouvernement de la famille, à savoir le père ? A l’échelle nationale, au-dessus, au sommet de toutes les familles, se trouve le roi, le père de ses sujets, comme Louis XII se félicitait d’être appelé. Alors certes, le père de famille – le grand absent de notre société, pour son plus grand malheur – n’est sans doute pas parfait, il a comme chacun de nous ses défauts et ses qualités, l’histoire a pu apporter des tensions – nous connaissons tous cela dans nos foyers ; mais il occupe la place de pierre angulaire dans cet ordre divin. Et il garantit l’application de la doctrine sociale de l’Église selon le génie français, pour reprendre l’expression de saint Pie X.

 

Cette Confrérie royale à laquelle certains d’entre vous s’agrègent aujourd’hui, est l’union de prières de toutes les bonnes volontés, pour la personne et la mission de l’héritier et successeur de nos rois. Je m’empresse de préciser à quoi engage l’engagement dans la Confrérie :

–tout d’abord l’engagement au triple angélus quotidien, puisque si nous défendons la restauration de l’ordre dans le pays, cela commence dans notre propre vie ; puisque l’harmonie a besoin de rythme, quel meilleur rythme que l’angélus qui nous rappelle, depuis Louis XI, le merveilleux mystère de l’Incarnation auquel nous nous préparons ?

–ensuite la sanctification du 25e jour de chaque mois ;

–et pour ceux qui font le Vœu de consécration à la Couronne de France : l’offrande à l’avance de la valeur de toutes ses bonnes actions pour le Roi et la France.

 

L’héritier et successeur de nos rois, donc, ne se choisit pas mais se reçoit. Celui que désignent aujourd’hui les Lois fondamentales du Royaume, la Constitution non écrite de la France, forgée au fil des siècles, est Mgr le prince Louis, le Très-Chrétien, Lieutenant de Dieu, fils aîné de l’Église, défenseur-né de la Sainte Église romaine. En lui, l’État recouvre son chef-né, le royaume accueille son roi, les sujets retrouvent leur père, la France reconnaît son époux légitime.

 

C’est tout cela que notre premier roi, Clovis Ier, assuma lorsque coula sur son front l’eau salutaire du baptême. Dois-je vous rappeler qu’à ce moment exact, son mariage naturel légitime avec sainte Clotilde devenait ipso facto sacramentel. Cela n’est pas anodin, puisqu’au même moment, il épousait mystiquement la France.

(Et dans un instant, c’est le Vœu d’un tout jeune nouveau membre prénommé comme ce grand roi, que je recevrai à l’autel).

 

Lorsque le pape Jean-Paul II nous appelait à la fidélité aux promesses de notre baptême, il évoquait cette alliance entre Dieu et la France naissante, au baptistère de Reims. Y sommes-nous fidèles ? Nous proposons-nous de la redécouvrir ? La portons-nous dans nos cœurs, dans nos esprits comme dans nos âmes ? Retrouverons-nous, comme Monsieur le Consul, la grâce d’avoir un prince à aimer et servir, image terrestre du Christ Roi dans notre pays propre ?

 

Comme l’a admirablement rappelé Mgr le duc d’Anjou dans sa déclaration aux Français du 25 août dernier : l’idée de Patrie a essayé de remplacer « l’amour du Roi et de la Couronne ». Vous êtes aujourd’hui appelés, mes Frères, à les retrouver et à en faire votre première intention de prière, le garant du bien commun étant indispensable pour les différents biens particuliers sur lesquels il prime nécessairement.

 

De même que saint Louis a pu imiter le Roi des rois pour être un bon et saint roi, de même les parents doivent-ils comprendre et admirer la royauté pour l’exercer à leur place propre, à la tête du foyer, dont le père et la mère sont le roi et la reine, et où leurs enfants sont leurs sujets aimants et aimés.

 

Le 24 janvier dernier, le Prince déclarait :

« Le fait d’avoir exécuté le monarque a coupé ce lien filial si particulier, si fondamental, qui unissait le Roi et son peuple ; qui unissait le peuple à son histoire. C’est ce lien qu’évoquent ces commémorations annuelles. Ce désir de retrouver la filiation perdue ». Car « la mort du Roi […] atteint, au plus profond, chacun d’entre nous, […] parce qu’elle est contraire aux fondements-mêmes de l’âme française ».

 

« On ne bâtira pas la cité autrement que Dieu ne l'a bâtie, enseignait quant à lui le grand Pie X ; on n'édifiera pas la société, si l'Église n'en jette les bases et ne dirige les travaux ; non, la Civilisation n'est plus à inventer ni la Cité nouvelle à bâtir dans les nuées. Elle a été, elle est : c'est la Civilisation chrétienne, c'est la Cité catholique. Il ne s'agit que de l'instaurer et la restaurer sans cesse sur ses fondements naturels et divins contre les attaques toujours renaissantes de l'utopie malsaine, de la révolte et de l'impiété : omnia instaurare in Christo ».

A deux jours de la fête de l’Immaculée Conception, nos pensées vont bien sûr au centenaire de Fatima. En méditant les apparitions, il est étonnant qu’au beau milieu du XXe siècle, en 1931, Notre-Dame ait prononcé ces paroles : « Ils n’ont pas voulu écouter ma demande… ! Comme le Roi de France, ils s’en repentiront et ils le feront, mais ce sera tard ». N’êtes-vous pas stupéfaits de constater que cette manifestation de notre Mère, si cruciale pour notre époque, si grave quant à ses prophéties, si admirable par ses miracles, fasse mention, près de 150 ans après la Révolution, de la non-consécration de la France au Sacré-Cœur par Louis XIV, comme le demandait Notre-Seigneur ? La France au Cœur de Jésus, la Russie au Cœur de Marie : voilà le plan du Ciel. Un plan qui, en 2016, n’est toujours pas réalisé, à cause de la faiblesse, de l’infidélité et de l’inconstance humaines.

 

Le lien entre les deux n’est pas qu’une allusion : Notre-Dame ne parle pas pour ne rien dire ; elle eût pu citer un autre exemple, voire ne faire aucune relation avec d’autre événement. Mais le lien est ici fondamental : aussi, après les Messes basses, êtes-vous invités, chers Français, à obéir à la demande de Pie XI d’offrir les prières léonines pour la conversion de la Russie, de même qu’actuellement, de nombreux Orientaux prient pour le roi de France, comme la Confrérie royale peut en témoigner.

 

Il y a 105 ans, le 27 novembre 1911, saint Pie X  déclarait : 

« Que dirai-je, maintenant, à vous fils de France, qui gémissez sous le poids de la persécution? Le peuple qui a fait alliance avec Dieu aux fonts baptismaux de Reims se repentira et retournera à sa première vocation. Les fautes ne resteront pas impunies mais elle ne périra jamais la fille de tant de mérites, de tant de soupirs et de tant de larmes. Un jour viendra, et nous espérons qu’il n’est pas éloigné, où la France, comme Saul sur le chemin de Damas, sera enveloppée d’une lumière céleste et entendra une Voix qui lui répétera : “Ma fille, pourquoi me persécutes-tu ?”  
Et sur sa réponse : “Qui êtes-vous, Seigneur ?” La Voix répliquera : “Je suis Jésus que tu persécutes. Il t’est dur de regimber contre l’aiguillon, parce que, dans ton obstination, tu te ruines toi-même.” Et la France, frémissante et étonnée, dira : “Seigneur, que voulez-vous que je fasse ? ” 
Et la Voix répondra : Lave-toi de tes souillures qui t’ont défigurée, réveille dans ton sein les sentiments assoupis et le pacte de notre alliance, et va, Fille aînée de l’Eglise, nation prédestinée, vase d’élection, va porter, comme par le passé, mon Nom devant tous les peuples et tous les rois de la terre” ».     

La France doit regagner son Histoire interrompue, elle doit s’illustrer au service de Dieu qui lui assurera prospérité ici-bas et bonheur éternel au Ciel. « Les grands évêques et les grands monarques, qui ont créé et si glorieusement gouverné la France, ont su donner à leur peuple la vraie justice, et le vrai bonheur » écrivait saint Pie X à nos évêques, à la Saint-Louis 1910.

 

Et je terminerai avec les paroles du Prince en début d’année :

« Ceci ne peut être simplement formel. La Royauté ce n’est pas une république couronnée. Elle est avant tout un ensemble de valeurs vécues et partagées, puisque ce sont d’elles que vient l’unité entre toutes les composantes du pays. Par le passé, ces valeurs étaient directement issues du baptême chrétien de Clovis. Actuellement elles sont à retrouver, à reconstruire et surtout pas à travestir par des slogans. La France, en renouant avec ce qui l’a animée tout au long de son histoire, pourra alors surmonter difficultés et épreuves et reprendre le cours de sa destinée ».

Ainsi soit-il. +

 

 



12/12/2016
4 Poster un commentaire

A découvrir aussi