L'Ami de la Religion et du Roi

L'Ami de la Religion et du Roi

Lettre mensuelle aux membres de la Confrérie (25 mars 2016)

Lettre aux membres et amis de la Confrérie royale

pour le 25 mars anno Domini 2016

le 24 mars 2016

Jeudi-Saint

 

Comme (initialement) Confrérie royale du Clergé de France, nous ne pouvons manquer de saluer tout d’abord nos chers frères dans le Sacerdoce en ce Jeudi-Saint, fête de l’institution de ces deux Sacrements intimement liés que sont le Saint-Sacrifice de l’Autel et le Sacerdoce catholique, et prions donc « le Maître de la moisson d'envoyer des ouvriers à Sa moisson » (Mt IX, 38).

 

Vendredi Saint 25 mars.

   Voici donc venu le grand jour, tant ordinaire liturgiquement (par sa venue annuelle dans le cycle de la liturgie) qu’extraordinaire en tant que motif de ce grand Jubilé (au Puy comme à Argenteuil), par l’occurrence le même jour des deux mystères si fondamentaux pour nous, créatures, que ceux de l’Incarnation et de la Rédemption. Le Martyrologe romain commémore en effet le dies natalis du Bon Larron, saint Dismas, le 25 mars, et Cornelius a Lapide établit la Passion du Christ un vendredi 25 mars.

   L’Incarnation est profondément vénérée par l’École française de spiritualité ; mais la Rédemption n’est pas en reste, avec tous les monuments (artistiques, liturgiques, juridiques, etc.) qui ont manifesté aux yeux de tout homme la sublimité du Christianisme.

   « Tout est consommé » (Jn XIX, 30) s’exclame Jésus sur la Croix. Tout est accompli, tout est résumé, de l’aventure initiale (l’assomption par une Personne divine de la nature humaine) à la résolution finale (la mort libre en sacrifice sur la Croix). Adam ayant tout gâché par sa prévarication, voilà que Dieu Lui-même « prend les choses en main » et S’associe intimement à Sa créature pour réparer les dégâts, pour restaurer Sa Création, « tout restaurer dans le Christ » (saint Pie X), vocabulaire de la restauration qui se trouve si souvent utilisé par le pape Pie XI dans son encyclique Casti connubii (31 décembre 1930) sur le mariage chrétien. Voici donc réalisées les noces de la Divinité et de l’humanité, les Noces mystiques sur la Croix, comme achèvement et sommet (et en même temps tréfonds) de la Semaine Sainte.

   Par l’Incarnation, le Fils de Dieu S’humiliait comme il était impensable qu’un Dieu S’humiliât. Par la Rédemption le Vendredi-Saint, Il descendait encore plus bas, en pénétrant dans les Limbes des Patriarches, pour faire luire dans les ténèbres une grande lumière, et leur laisser entrevoir Sa glorieuse Résurrection, et ainsi leur propre libération et entrée dans la vraie Terre Promise, l’éternelle Patrie.

Dans le silence de la nuit de l’Incarnation, Dieu Se fait homme ; dans le silence de la nuit de la Rédemption (du Jeudi au Vendredi Saints), le Verbe incarné éprouve d’une certaine manière – mais dans la confiance – l’abandon de Dieu (cf. psaume XXI) et S’abandonne totalement à Sa volonté : l’Heure pour laquelle Il est venu en ce monde sonne, le sacrifice va être consommé.

 

L’Incarnation.

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   Mettons-nous à l’école du restaurateur de Solesmes, Dom Prosper Guéranger, pour comprendre ce qui se réalisa en cette nuit très sainte du jeudi 24 au vendredi 25 mars, dans une petite chambre d’une maison ordinaire de Nazareth, bourgade qui donnerait Son Nom d’homme au Verbe Incarné. A la figure du nouvel Adam le Vendredi-Saint, s’ajoute celle de la nouvelle Eve à l’Annonciation.

« La tradition apostolique a signalé à la sainte Église le vingt-cinq mars, comme le jour qui vit s’accomplir l’auguste mystère. Ce fut à l’heure de minuit que la très pure Marie, seule, et dans le recueillement de la prière, vit apparaître devant elle le radieux Archange descendu du ciel pour venir recevoir son consentement, au nom de la glorieuse Trinité. Assistons à l’entrevue de l’Ange et de la Vierge, et reportons en même temps notre pensée aux premiers jours du monde. Un saint Évêque martyr du IIe siècle, fidèle écho de l’enseignement des Apôtres, saint Irénée, nous a appris à rapprocher cette grande scène de celle qui eut lieu sous les ombrages d’Éden.
Dans le jardin des délices, c’est une vierge qui se trouve en présence d’un ange, et un colloque s’établit entre l’ange et la vierge. A Nazareth, une vierge est aussi interpellée par un ange, et un dialogue s’établit entre eux ; mais l’ange du Paradis terrestre est un esprit de ténèbres, et celui de Nazareth est un esprit de lumière Dans les deux rencontres, c’est l’ange qui prend le premier la parole. Pourquoi, dit l’esprit maudit à la première femme, pourquoi Dieu vous a-t-Il commandé de ne pas manger du fruit de tous les arbres de ce jardin ? On sent déjà dans cette demande impatiente la provocation au mal, le mépris, la haine envers la faible créature dans laquelle Satan poursuit l’image de Dieu.
Voyez au contraire l’ange de lumière avec quelle douceur, quelle paix, il approche de la nouvelle Ève ! Avec quel respect il s’incline devant cette fille des hommes ! Salut, ô pleine de grâce ! Le Seigneur est avec vous ; vous êtes bénie entre les femmes. Qui ne reconnaît l’accent céleste dans ces paroles où tout respire la dignité et la paix ! Mais continuons de suivre le mystérieux parallèle.
La femme d’Éden, dans son imprudence, écoute la voix du séducteur ; elle s’empresse de répondre. Sa curiosité l’engage dans une conversation avec celui qui l’invite à scruter les décrets de Dieu. Elle n’a pas de défiance à l’égard du serpent qui lui parle, tout à l’heure, elle se défiera de Dieu-même.
Marie a entendu les paroles de Gabriel ; mais cette Vierge très prudente, comme parle l’Église, demeure dans le silence. Elle se demande d’où peuvent venir ces éloges dont elle est l’objet. La plus pure, la plus humble des vierges craint la flatterie ; et l’envoyé céleste n’obtiendra pas d’elle une parole qu’il n’ait éclairci sa mission par la suite de son discours. Ne craignez pas, ô Marie, dit-il à la nouvelle Ève : car vous avez trouvé grâce devant le Seigneur. Voici que vous concevrez et enfanterez un fils, et vous l’appellerez Jésus. Il sera grand, et Il sera appelé le Fils du Très-Haut ; et le Seigneur Lui donnera le trône de David Son père ; Il régnera sur la maison de Jacob à jamais, et Son règne n’aura pas de fin.
Quelles magnifiques promesses descendues du ciel, de la part de Dieu ! Quel objet plus digne de la noble ambition d’une fille de Juda, qui sait de quelle gloire doit être entourée l’heureuse mère du Messie ? Cependant, Marie n’est pas tentée par tant d’honneur. Elle a pour jamais consacré sa virginité au Seigneur, afin de lui être plus étroitement unie par l’amour ; la destinée la plus glorieuse qu’elle ne pourrait obtenir qu’en violant ce pacte sacré, ne saurait émouvoir son âme. Comment cela pourrait-il se faire, répond-elle à l’Ange, puisque je ne connais pas d’homme ?
La première Ève ne montre pas ce calme, ce désintéressement. A peine l’ange pervers lui a-t-il assuré qu’elle peut violer, sans crainte de mourir, le commandement de son divin bienfaiteur, que le prix de sa désobéissance sera d’entrer par la science en participation de la divinité même : tout aussitôt, elle est subjuguée. L’amour d’elle-même lui a fait oublier en un instant le devoir et la reconnaissance ; elle est heureuse de se voir affranchie au plus tôt de ce double lien qui lui pèse.
Telle se montre cette femme qui nous a perdus ; mais combien différente nous apparaît cette autre femme qui devait nous sauver ! La première, cruelle à sa postérité, se préoccupe uniquement d’elle-même ; la seconde s’oublie, pour ne songer qu’aux droits de Dieu sur elle. L’Ange, ravi de cette sublime fidélité, achève de lui dévoiler le plan divin : L’Esprit-Saint, lui dit-il, surviendra en vous ; la Vertu du Très-Haut vous couvrira de Son ombre ; et c’est pour cela que ce qui naîtra de vous sera appelé le Fils de Dieu. Élisabeth votre cousine a conçu un fils, malgré sa vieillesse ; celle qui fut stérile est arrivée déjà à son sixième mois : car rien n’est impossible à Dieu. L’Ange arrête ici son discours, et il attend dans le silence la résolution de la vierge de Nazareth.
Reportons nos regards sur la vierge d’Éden. A peine l’esprit infernal a-t-il cessé de parler, qu’elle jette un œil de convoitise sur le fruit défendu ; elle aspire à l’indépendance dont ce fruit si délectable va la mettre en possession. Sa main désobéissante s’avance pour le cueillir ; elle le saisit, elle le porte avidement à sa bouche, et au même instant la mort prend possession d’elle : mort de l’âme par le péché qui éteint la lumière de vie ; mort du corps qui séparé du principe d’immortalité, devient désormais un objet de honte et de confusion, en attendant qu’il tombe en poussière.
Mais détournons nos yeux de ce triste spectacle, et revenons à Nazareth. Marie a recueilli les dernières paroles de l’Ange ; la volonté du ciel est manifeste pour elle. Cette volonté lui est glorieuse et fortunée : elle l’assure que l’ineffable bonheur de se sentir Mère d’un Dieu lui est réservé, à elle humble fille de l’homme, et que la fleur de virginité lui sera conservée. En présence de cette volonté souveraine, Marie s’incline dans une parfaite obéissance, et dit au céleste envoyé : Voici la servante du Seigneur ; qu’il me soit fait selon votre parole.
Ainsi, selon la remarque de notre grand saint Irénée, répétée par toute la tradition chrétienne, l’obéissance de la seconde femme répare la désobéissance de la première ; car la Vierge de Nazareth n’a pas plus tôt dit : Qu’il me soit fait, Fiat, que le Fils éternel de Dieu Qui, selon le décret divin, attendait cette parole, se rend présent, par l’opération de l’Esprit-Saint, dans le chaste sein de Marie, et vient y commencer une vie humaine. Une Vierge devient Mère, et la Mère d’un Dieu ; et c’est l’acquiescement de cette Vierge à la souveraine volonté qui la rend féconde, par l’ineffable vertu de l’Esprit-Saint. Mystère sublime qui établit des relations de fils et de mère entre le Verbe éternel et une simple femme ; qui fournit au Tout-Puissant un moyen digne de lui d’assurer son triomphe contre L’esprit infernal, dont l’audace et la perfidie semblaient avoir prévalu jusqu’alors contre le plan divin !
Jamais défaite ne fut plus humiliante et plus complète que celle de Satan, en ce jour Le pied de la femme, de cette humble créature qui lui offrit une victoire si facile, ce pied vainqueur, il le sent maintenant peser de tout son poids sur sa tête orgueilleuse qui en est brisée. Ève se relève dans son heureuse fille pour écraser le serpent. Dieu n’a pas choisi l’homme pour cette vengeance : l’humiliation de Satan n’eût pas été assez profonde. C’est la première proie de l’enfer, sa victime la plus faible, la plus désarmée, que le Seigneur dirige contre cet ennemi. Pour prix d’un si haut triomphe, une femme dominera désormais non seulement sur les anges rebelles, mais sur toute la race humaine ; bien plus, sur toutes les hiérarchies des Esprits célestes. Du haut de son trône sublime, Marie Mère de Dieu plane au-dessus de toute la Création. Au fond des abîmes infernaux Satan rugira d’un désespoir éternel, en songeant au malheur qu’il eut de diriger ses premières attaques contre un être fragile et crédule que Dieu a si magnifiquement vengé ; et dans les hauteurs du Ciel, les Chérubins et les Séraphins lèveront timidement leurs regards éblouis vers Marie, ambitionneront son sourire, et se feront gloire d’exécuter les moindres désirs de cette femme, la Mère du grand Dieu et la sœur des hommes.
C’est pourquoi nous, enfants de la race humaine, arrachés à la dent du serpent infernal par l’obéissance de Marie, nous saluons aujourd’hui l’aurore de notre délivrance. Empruntant les paroles du cantique de Debbora, où cette femme, type de Marie victorieuse, chante son triomphe sur les ennemis du peuple saint, nous disons : La race des forts avait disparu d’Israël, jusqu’au jour où s’éleva Debbora, où parut celle qui est la mère dans Israël. Le Seigneur a inauguré un nouveau genre de combat ; Il a forcé les portes de Son ennemi. Prêtons l’oreille, et entendons encore, à travers les siècles, cette autre femme victorieuse, Judith. Elle chante à son tour : Célébrez le Seigneur notre Dieu, Qui n’abandonne pas ceux qui espèrent en Lui. C’est en moi, Sa servante, qu’Il a accompli la miséricorde promise à la maison d’Israël ; c’est par ma main qu’Il a immolé, cette nuit-même, l’ennemi de Son peuple. Le Seigneur tout-puissant a frappé cet ennemi ; Il l’a livré aux mains d’une femme, et Il l’a percé de Son glaive ».

 

La Rédemption.

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   Et envolons-nous, tel Habacuc, trente-trois ans plus tard, au moment où va prendre fin la vie humaine que le Seigneur a prise neuf mois avant Sa Nativité.

« Le moment est enfin venu où Jésus doit rendre son âme à son Père. Il parcourt d’un regard les oracles divins qui ont annoncé jusqu’aux moindres circonstances de Sa mission ; Il voit qu’Il n’en est pas un seul qui n’ait reçu son accomplissement, jusqu’à cette soif qu’Il éprouve, jusqu’à ce vinaigre dont on L’abreuve. Proférant alors la sixième parole, Il dit : Tout est consommé. Il n’a donc plus qu’à mourir, pour mettre le dernier sceau aux prophéties qui ont annoncé Sa mort comme le moyen final de notre rédemption. Mais il faut qu’Il meure en Dieu. Cet homme épuisé, agonisant, qui tout à l’heure murmurait à peine quelques paroles, pousse un cri éclatant qui retentit au loin, et saisit à la fois de crainte et d’admiration le centurion romain qui commandait les gardes au pied de la Croix. Mon Père ! s’écrie-t-Il, Je remets Mon esprit entre Vos mains. Après cette septième et dernière parole, Sa tête s’incline sur sa poitrine, d’où s’échappe Son dernier soupir.
A ce moment terrible et solennel, les ténèbres cessent, le soleil reparaît au ciel ; mais la terre tremble, les pierres éclatent, la roche même du Calvaire se fend entre la Croix de Jésus et celle du mauvais larron ; la crevasse violente est encore visible aujourd’hui. Dans le Temple de Jérusalem, un phénomène effrayant vient épouvanter les prêtres juifs. Le voile du Temple qui cachait le Saint des Saints se déchire de haut en bas, annonçant la fin du règne des figures. Plusieurs tombeaux où reposaient de saints personnages s’ouvrent d’eux-mêmes, et les morts qu’ils contenaient vont revenir à la vie. Mais c’est surtout au fond des enfers que le contre-coup de cette mort qui sauve le genre humain se fait sentir. Satan comprend enfin la puissance et la divinité de ce Juste contre lequel il a imprudemment ameuté les passions de la Synagogue, C’est son aveuglement qui a fait répandre ce Sang dont la vertu délivre le genre humain, et lui rouvre les portes du Ciel. Il sait maintenant à quoi s’en tenir sur Jésus de Nazareth, dont il osa approcher au désert pour Le tenter. Il reconnaît avec désespoir que Ce Jésus est le propre Fils de l’Eternel, et que la Rédemption refusée aux anges rebelles vient d’être accordée surabondante à l’homme, par les mérites du Sang que lui-même Satan a fait verser sur le Calvaire.
Fils adorable du Père, nous Vous adorons expiré sur le bois de Votre sacrifice. Votre mort si amère nous a rendu la vie. Nous frappons nos poitrines, à l’exemple de ces Juifs qui avaient attendu votre dernier soupir, et qui rentrent dans la ville émus de componction. Nous confessons que ce sont nos péchés qui Vous ont arraché violemment la vie ; daignez recevoir nos humbles actions de grâces pour l’amour que Vous nous avez témoigné jusqu’à la fin. Vous nous avez aimés en Dieu ; désormais c’est à nous de Vous servir comme rachetés par Votre Sang. Nous sommes en Votre possession, et Vous êtes notre Seigneur. Voici que Votre sainte Église nous convoque au service divin ; il nous faut descendre du Calvaire, pour nous joindre à elle et célébrer Vos louanges. Bientôt nous reviendrons près de Votre Corps inanimé ; nous assisterons à Vos funérailles, et nous les accompagnerons de nos regrets et de nos larmes. Marie, Votre mère, demeure au pied de la Croix ; rien ne la peut séparer de Votre dépouille mortelle. Madeleine est enchaînée à Vos pieds glacés par la mort ; Jean et les saintes femmes forment autour de Vous un cortège de désolation. Nous adorons encore une fois Votre Corps sacré, Votre Sang précieux, Votre Croix qui nous a sauvés ».

         A la sainte Messe, ce sont ces deux facettes, ces deux mystères terminaux (le début et la fin de la vie humaine du Christ) qu’il nous est donné de contempler en quelque sorte, à la double élévation, si l’on rejoint M. Gibson dans son éblouissante mise en scène de La Passion du Christ – mais, lui, rapproche l’élévation de la Croix le Vendredi, de la Messe du Jeudi Saint. A l’élévation de la sainte Hostie, du Corps sacré du Christ, adorons Son Incarnation ; à celle du Calice du Précieux Sang, adorons notre Rédemption (notre « rachat » à la tyrannie de Satan) par ce Sacrifice unique.

 

Visite royale à Argenteuil.

   Nouveau saut dans le temps – mais la sainte Messe nous fait mystérieusement vivre tous ces moments... Nous voici fin mars 2016.

   Les Juifs voulaient faire de Notre-Seigneur un messie uniquement temporel, comme ces personnes qui passent à notre époque leurs journées à commenter des articles parus sur des sites plus ou moins royalistes, souvent « people », et qui s’insurgent ces jours-ci contre la venue de Mgr le Prince Louis, duc d’Anjou, à la vénération de l’ostension extraordinaire de la Sainte Tunique du Christ à Argenteuil le vendredi 1er avril prochain. Nous avons là, chers Amis, tout un symbole.

   De la part de notre Roi tout d’abord : à notre connaissance, le président de Russie Medvedev avait été le seul chef d’État à venir honorer la Sainte Couronne d’Épines en la cathédrale de Paris lors de sa venue en France ; hélas, ce ne fut le cas d’aucun souverain catholique, pas même le premier Prince du sang, aujourd’hui roi d’Espagne…

   De la part de cette « foule » mondaine, dans tous les sens du terme, ensuite, qui danse et festoie le vendredi de la Passion et de Notre-Dame des Sept Douleurs (je renvoie au saint Curé d’Ars pour savoir ce que les Saints pensent des bals en général, et des prescriptions quadragésimales en particulier), même sous le prétexte très pharisaïque (terme d’actualité dans l’Église…) de bienfaisance, et qui sur ces sites précités, manifeste non seulement ne partager aucunement les principes légitimes et traditionnels de la Royauté en France – ne conservant des Lois fondamentales du Royaume que la succession par primogéniture mâle, cela doit être notre seul point commun avec eux –, et surtout ce principe fondamental (« The last but not the least ») de catholicité.

   Qu’y a-t-il en effet d’inouï à ce que le Fils aîné de l’Église, Premier Souverain de la Chrétienté, Lieutenant du Christ sur terre et Roi Très-Chrétien, aille honorer un vendredi de Pâques et premier du mois une relique insigne de Notre Seigneur Jésus-Christ, que son ancêtres saint Charlemagne reçut avec la plus grande dévotion il y a douze siècles ?

C’est au contraire une belle manifestation de la fidélité de notre Roi à sa mission, de conformité à sa dignité et de remarquable exemple pour ses sujets.

   Lui, l’aîné des descendants de saint Louis – né le même jour que lui à 760 ans de distance, ce sera le prochain 25 du mois –, est le digne fils et successeur du modèle ici-bas des rois.

   Je n’ose renvoyer mes lecteurs aux commentaires au moins stupides (et pour certains : républicains ! que vont-ils sur des sites faisant la promotion du Roi ?!), au pire sacrilèges, que j’ai eu la douleur de lire. La restauration du Roi légitime ne se fera ni par des mensonges, ni par démagogie, ni en bradant l’héritage et les principes traditionnels régissant le Royaume. « Il faut, pour que j’y rentre en roi, que Dieu y règne en maître », disait le comte de Chambord. Tout le contraire hélas – qui le croira ? – de nombre de pseudo-royalistes modernes, adeptes d’une « république couronnée » stigmatisée et condamnée en janvier dernier par notre Roi « glorieusement régnant ». Aussi cette modeste œuvre qu’est la Confrérie royale se range-t-elle résolument et embrasse-t-elle plus vigoureusement l’Union des Cercles Légitimistes de France, peut-être l’une des seules œuvres fidèles aux principes et fondements de la Royauté française de droit divin. La devise d’Henri V : « Ma personne n’est rien, mon principe est tout », est aujourd’hui – comme au XIXe siècle – honnie par nombre de personnes qui se fourvoient en soutenant sentimentalement un mode de gouvernement selon leurs propres conceptions (bien souvent non fondées car sans base et sans instruction), en voulant marier des principes irréconciliables : en matière de religion, cela donnait, dans L’Illusion libérale de Louis Veuillot : les « Catholiques libéraux », amis de la Révélation sans vouloir être ennemis de la Révolution.

   Non, S.M. le roi Louis XX n’a pas à imiter son cousin et à prêter serment devant une couronne (d’ailleurs ni reçue ni portée) et un sceptre, avec l’absence criante du traditionnel crucifix, au cours d’une cérémonie volontairement sécularisée – entendez : déchristianisée –, pour finalement adopter des lois défendant l’avortement, l’euthanasie et reconnaissant les unions homosexuelles. C’est ce qui s’est passé en Espagne, en Belgique, au Luxembourg : Dieu nous garde d’avoir un Royaume de France coupable de telles trahisons. Mais nous retrouvons aujourd’hui le même entourage libéral auquel fut confronté le roi Louis XVI quand il décida courageusement de se faire sacrer, contre vents et marées ; au Temple, il regrettera amèrement d’avoir laissé se propager ces sirènes irréligieuses.

   Par la tunique sans couture du Christ, tissée patiemment par Notre-Dame elle-même, devrait être représentée l’unité d’esprit et la communion d’âme tant des Catholiques de manière générale, que des Royalistes français de manière particulière. Et voilà que beaucoup la tirent au sort (Ps XXI, 18), tels les soldats chargés du supplice de Notre Seigneur (Mt XXVII, 35) ; voilà qu’ils la déchirent, cette tunique, au gré de leurs caprices, ballotés qu’ils sont « à tout vent de doctrine » (Eph IV, 14) ; « car un temps viendra où ils ne supporteront plus la saine doctrine, mais au gré de leurs désirs se donneront une foule de maîtres, l'oreille leur démangeant ; et ils détourneront l'oreille de la vérité pour se tourner vers les fables » (II Tim IV, 3-4).

 

Le sacre et couronnement de Notre Seigneur.

   Mais revenons si vous le voulez bien à l’aspect religieux – n’en déplaise aux néo-royalistes anticléricaux pour ne pas dire antichrétiens – et spirituel de ces jours. Je vous parlais à l’instant de cérémonies sécularisées.

   Je n’apprendrai à personne que le Bon Dieu est très méticuleux en tout ce qui concerne la sainte Liturgie : les prescriptions vétérotestamentaires (cf. le livre du Lévitique) en sont la preuve.

   Notre Roi des rois a scrupuleusement respecté tous les éléments du sacre royal.

   La semaine passée, Il acceptait l’onction. Dimanche, Il faisait Son entrée triomphale – sa « Joyeuse Entrée », source de grâces pour les condamnés (cf. le Bon Larron) – dans Sa cité sainte, Sa capitale. Entouré de Sa Cour en ce début de Semaine Sainte, voici qu’Il préside le repas sacré de la Pâque, puis institue le Très Saint Sacrement de l’Autel et le Sacerdoce. Reconnu Fils de Dieu – c’est le motif foncier de condamnation par les grands-prêtres – et roi des Juifs – « quod scripsi, scripsi » (Jn XIX, 22) affirme péremptoirement Pilate, ce qui sera son seul acte audacieux –, voici qu’Il S’avance vers le lieu de Son Couronnement : Il a embrassé Son trône, le bois de la Croix qu’Il porte sur Lui, ce en quoi l’imiteront nombre de nos rois, qui portaient cette précieuse relique sur eux. « Quand J’aurai été élevé de terre, J’attirerai à Moi tous les hommes » (Jn XII, 32) : tel le roi de France dans la cathédrale de Reims, voici qu’Il monte au jubé, où a été installé le trône d’où tous Ses sujets pourront l’apercevoir. « Vivat Rex in æternum ! » : « Vraiment, cet homme était le Fils de Dieu » (Mt XXVII, 54).

   L’onction sainte, ce n’est pas fondamentalement par sainte Marie-Madeleine qu’Il l’a reçue la semaine passée, mais à l’instant-même de Sa venue sur la terre. L’onction qui Le rend l’Oint, le Messie, est réalisée alors que la deuxième Personne de la Très Sainte Trinité assumait une nature humaine dans le sein très chaste, dans le sanctuaire très pur, dans le Tabernacle sacré des « entrailles » de la Très Sainte Vierge Marie, la nuit-même de l’Incarnation.

   En ce jour où se mêlent, s’unissent et s’embrassent, telles la Miséricorde et la Justice (cf. psaume LXXXIV : « Misericordia et veritas obviaverunt sibi, justitia et pax osculatæ sunt »), l’Incarnation et la Rédemption, nous avons la réalisation, en une seule et même journée, de l’Onction du Sacre et du Couronnement. Jésus est vrai Roi. Roi des hommes et roi des Anges. Roi de toute la Création. « Celui par Qui règnent les rois », qui s’honoraient jusqu’ici de porter la croix rédemptrice sur leurs couronnes, et qui aujourd’hui la cachent pudiquement…

 

   « Ce n’était pas la bouche d’un homme, dit saint Ambroise, mais celle d’un Ange, qui devait exposer le mystère d’un tel message. Aujourd’hui pour la première fois l’on entend : L’Esprit Saint surviendra en vous. On entend et on croit. Voici, dit Marie, la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon votre parole ».

   Ce messager céleste, saint Gabriel, est normalement célébré en ce 24 mars, veille de l’Annonciation. Les personnes et organisations qui l’ont comme patron voient cette année sa fête reportée après l’octave de Pâques, le mardi 5 avril, premier mardi du mois, consacré à la prière pour le salut et la prospérité de la France. Demandons au grand Archange, qu’un lien si particulier unit à Notre-Dame, de nous apporter à nous aussi cette bonne nouvelle du salut, du salut pour l’Église et pour la France, pour le monde et pour nous.

   Et dans les tristes circonstances qu’il nous faut traverser ici-bas, gardons la foi indéfectible de la Très Sainte Vierge Marie : dans deux jours, notre Dieu et roi sera ressuscité.

 

Abbé Louis de Saint-Taurin +



25/03/2016
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